Plat du jour - Société

Taste of Paris 2019 : Taste of... stérone ?

Ecrit par Céline Berger le 06.05.2019

Il y a quelques semaines de cela était dévoilée le casting de l’édition 2019 du festival culinaire Taste of Paris qui aura lieu du 9 au 12 mai. Passé l’excitation gustative de l’alléchant casting, une question se pose… Où sont les femmes ? (Patrick Juvet, si tu nous lis !)

 


Patrick, si tu nous regardes... (Photo 7deTable / Wikipédia)
 

Anne-Sophie Pic ? Naoëlle D'Hainaut ? Julia Sedefdjian ? Fanny Rey ? Claire Heitzler ? Point de Christelle Brua alors que le Pré Catelan sera présent. Alexia Duchêne ? Seulement si elle avait été finaliste de Top Chef. Nolwenn Core ? Une étoile dans le Finistère, pas d’établissement à Paris. Nous pourrions en citer tellement, de manière spontanée ou grâce à l’ouvrage de Vérane Frédiani et Estérelle Payany : Cheffes, 500 femmes qui font la différence dans les cuisines de France.

 

Alors comment et pourquoi, à l’ère de #metoo, dans une époque où l’égalité homme-femme est plus revendiquée que jamais, il n’y aura que de la testostérone derrière les fourneaux de Taste of Paris ? Pour être parfaitement honnête, pas que : Adeline Grattard (chef du Yam’tcha) est mise en avant alors qu’elle animera une masterclass. La chef pâtissière Nina Métayer itou, tandis que Mikaela Liaroutsos (Etsi) et Dina Nikolaou (Evi Evane) feront partie des invités de l’Atelier Electrolux. 

 

Nous avons interrogé Mathilde Dewilde, directrice communication du salon, à ce sujet, et elle répond sans détour : « Nous devons trouver des établissements parisiens qui soient capables de produire les 9 000 portions nécessaires. Déjà que la place des femmes dans les restaurants parisiens ne représente qu’un faible pourcentage, la production demandée réduit encore les possibilités ». Les femmes-chefs ont été sollicitées en nombre par les organisateurs, « mais elles n’étaient pas disponibles », entre ouverture de restaurant, changement de poste ou incompatibilité d’emploi du temps, signe de l’hyperactivité de nos femmes-chefs. Mathilde Dewilde tient à rappeler que Taste of Paris a diffusé en avant première, en 2017, le film À la recherche des femmes-chefs (de Vérane Frédiani). Le festival est sensible et ouvert à la question : elle « revient régulièrement ; on a fait notre boulot, mais on doit faire face à la réalité de la profession ».

 

Estérelle Payany abonde dans ce sens. Cette absence de femme est assez révélatrice de la réalité du métier (une profession encore extrêmement masculine) et du fonctionnement de ce festival : les quantités à produire nécessitent d’avoir une grosse structure derrière soi, et les retombées post festival ne sont pas quantifiables. « Quel est l’intérêt pour un chef ? », s’interroge-t-elle, autant en termes d’image que de business. « Pour de grosses structures comme le Ritz ou le George V, il y en a un vrai : convaincre les Parisiens de pousser les porte des palaces, pour trouver un nouveau public », afin de remplacer « les touristes étrangers qui désertent Paris à cause des risques d’attentats, des Gilets jaunes ou de l’incendie de Notre-Dame ». Effectivement, c’est une démarche qu’avait initié le salon professionnel EquipHotel en 2016 avec son opération Tous les Parisiens à l’hôtel : durant le salon, des réductions étaient accordées dans les établissements parisiens partenaires pour un petit déjeuner, un brunch ou un cocktail. Pour les palaces, être présent à Taste of Paris « est une bonne stratégie : on peut aller au Ritz au moins une fois pour un cocktail ou un pain au chocolat », explique-t-elle, « c’est une expérience à faire une fois »
 


Retour à notre absence de femmes-chefs. Pourquoi, si les Parisiennes sont autant occupées, ne pas s’orienter vers un Taste in Paris, et mettre en lumière des femmes-chefs de province, qui pourraient être susceptible de travailler dans la capitale ? Heureusement, le Collège culinaire de France sera présent avec « 20 Producteurs-artisans de qualité et une sélection d'hommes et de femmes, de producteurs engagés, qui méritent vraiment d'être connus ». Bon. On aurait préféré « une sélection de femmes et d’hommes », mais au moins, les femmes seront dans la place.

 

Et l’on ne perdra pas du vue l’essentiel : on pourra de toute façon se régaler à Taste of Paris !

 

Mots-clés : taste of Paris - cheffes femmes - #metoo

 

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https://7detable.com/article/societe/taste-of-paris-2019-taste-of-sterone/2551