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Le Fade, l'autre dimension du goût

Ecrit par Fred Ricou le 14.06.2016

« C’est fade ! » Même si l’on est poli quand on est invité chez quelqu’un, on n’ose jamais dire au moment d’un repas « Passe-moi, le sel, c’est fade ! ». Il faut absolument que le goût ressorte, il faut que ça « explose en bouche » comme ont dit dans les émissions culinaires. Maintenant, peut-on se poser la question de savoir si cette « absence » de goût ne serait pas un autre goût en lui-même ? Et si la fadeur était juste quelque chose d’un peu plus subtil qu’un simple manque de goût ?

 
Carpaccio de Chinchard à la gelée de concombres  ©www.feliperibon.com

 

L’auteure japonaise Ryoko Sekiguchi écrit en japonais et en français. Traductrice d’un nombre incalculable de manga/manhwa, ses passions personnelles sont souvent tournées vers la cuisine, elle a d’ailleurs écrit 5-6 livres sur le sujet. Son dernier ouvrage est un petit essai sur ce fameux mot « fade » aux éditions Les Ateliers d’Argol. Jouant sur les codes des clichés que l’on peut avoir, ce petit livre d’à peine 90 pages est blanc, le nom de l’auteur s’écrit finement en noir et le titre FADE ressort à peine en gris clair.

 

Qu’est-ce qui est fade ? Qu’est-ce qui, dans notre langue (au sens propre comme au sens figuré), n’a pas de goût ? Ryoko Sekiguchi va se poser les bonnes questions et surtout les poser à son entourage. Et ce qui va en ressortir est simple, le « fade » c’est l’absence, c’est l’ennui.

 

Maintenant est fade, peut-être, ce que, gustativement, on ne comprend pas. L’auteure revient à la nourriture de son pays pour se demander : « Si j’étais française élevée en France, en français, ne dirais-je pas de la cuisine japonaise qu’elle est “fade” (NDLR : la vraie, pas celle du restaurant à sushis à côté de la maison…) au moins la première fois ? Je trouverais sans doute le konnyaku (pâte d’igname) simplement caoutchouteux, le goût du tofu plat, et je verserais beaucoup de sauce de soja sur mon bol de riz… »

 

Le « fade », quand il est cuisiné de cette manière, et pas uniquement quand il y a un manque de quelque chose, n’est pas forcément la faute du cuisinier. C’est peut-être celui qui goûte, celui qui va donner un avis, c’est peut-être lui qui navigue dans l’inconnu et comme il ne comprend pas la certaine subtilité d’une mozzarella, d’un riz, ou encore d’une eau (très important la qualité de l’eau au Japon !) va faire tomber le couperet d’un pratique et définitif : « c’est fade ! »

 

Dans le but de mettre en valeur les produits habituellement qualifiés de « fade », Ryoko Sekiguchi et Koji Higaki, chef japonais spécialisé dans la cuisine italienne à Paris, proposent du 14 au 19 juin un menu « fade » au Restaurant L’Inconnu dans le 7e arrondissement de Paris, dont voici le menu :

 

Entrées
« Mousse de Mozzarella, gelée de tomates et tomates cerises marinées »
« Carpaccio de Chinchard à la gelée de concombres »
 
Plats
« Cabillaud pané de risotto à l’encre de seiche, navets grillés et purée de navet »
« Entrecôte et risotto aux amandes crues »
 
Desserts
« Kuzukiri à la mangue »
« Compotée de nèfles, glace au sésame blanc »
 
Menus déjeuner : 38 euros (entrée, poisson ou viande, pâtes, dessert)
                
50 euros (entrée, poisson, viande, pâtes, dessert)
 
Menus dîner : 45 euros (entrée, poisson, pâtes, dessert),
                
65 euros (2 entrées, poisson, viande, pâtes, 2 desserts)
 
Alors, qui vient manger « fade » ?
 
Restaurant L’Inconnu
4 rue Pierre Leroux,
75007 Paris
 
Tel. : 01 53 69 06 03
www.restaurant-linconnu.fr
 

 

 

Mots-clés : fade japon goût - cuisine mozzarella recettes - riz goût Japon

 

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