Finaliste de la saison 11 de Top Chef, Adrien Cachot a réussi à ravir le coeur du public sans gagner l’émission. Un an plus tard, le jeune chef de 31 ans sort son premier livre à mi-chemin entre la biographie et le livre de recettes avec un titre on ne peut plus vérité : Hors-Piste. Rencontre.
Est-ce que le projet de ce livre vient de vous ou est-ce les éditions Flammarion qui vous l’ont proposé ?
Faire un livre était bien un projet, mais pas aussi tôt. L’opportunité s’est présentée, le projet était beau. J’ai eu pas mal de sollicitations et j’ai choisi Flammarion. J’avais beaucoup aimé le livre de Jérôme Banctel (ndlr : écrit en collaboration avec Chihiro Masui) et cela a orienté mon choix.
C’était important pour vous de vous raconter ? Expliquer ce parcours un peu chaotique ?
On ne fait pas un livre de recettes à 31 ans. On est encore en phase d’apprentissage. Je ne me voyais pas faire un livre de recettes à 100% et la chose la plus évidente, c’était le parcours. En tant que jeune cuisinier, je trouvais ça sympa d’en parler sans tabou… pour dire que tout est possible !
C’était aussi une façon de dire aux jeunes lecteurs que n’importe où d’où l’on parte, on peut y arriver ?
Clairement ! Si l’on a l’envie, si l’on travaille. On peut avancer. Ce n’est pas un métier facile, c’est même très compliqué. Je n’étais pas forcément dans les mieux classés à 15 ans et 15 ans plus tard, j’arrive à tirer mon épingle du jeu… même si ce n’est que le début, tout en étant conscient de ne pas y être « arrivé ». C’est un long chemin de croix, mais l’on peut très bien s’en sortir.
On a l’impression que le livre est à l’image de ce que l’on a pu voir dans Top Chef. Vous allez à l’essentiel, vous ne vous étendez pas sur des pages et des pages pour vous raconter et vous laissez une grande place à la cuisine…
Je suis juste cuisinier. Je ne suis pas quelqu’un d’extraordinaire. Pas trop extraverti, donc j’ai surtout envie que l’on parle de la cuisine. Après, j’ai la chance d’écrire un petit livre d’idées et de pouvoir m’adresser aux gens au sujet de mon parcours, c’est sympa, mais j’ai envie que l’on parle de ma cuisine, pas d’autres choses.
Vous racontez plus votre enfance que votre parcours professionnel. Vous êtes très bref, par exemple, sur votre passage au Grand Pan.
Chaque expérience est différente. J’aurais pu n’écrire qu’avec ça, mais ce n’était pas ce que je voulais, je voulais faire de grandes lignes. Le but était d’avoir quelque chose d’assez raisonné, de global. De parler d’une personne normale qui essaye de tirer son épingle du jeu…
De parler plus de l’humain que du professionnel ?
On me connaît avec Top Chef aussi pour le côté humain…
Comment avez-vous choisi les recettes de ce livre ?
Cela a été compliqué. Je travaille plus à l’instinct qu’avec des recettes, même s’il va falloir que je m’y mette. En fait, pendant cette période covid, c’était vraiment en fonction de ce que l’on a pu recevoir. J’ai fait des recettes qui me sont venues comme ça. On a pourdebon.com (ndlr : magasin en ligne de produits du terroir) qui nous a envoyé de beaux produits et moi, au fur et à mesure je réfléchissais. C’est plus un livre d’idées « J’ai eu ça, j’ai fait ça avec… ». Il y a des produits que j’aurais adoré mettre dans le livre… Mais voilà. Tout vient à point à qui sait attendre.
Mettre des recettes, c’est aussi pour que les lecteurs puissent les refaire, avez-vous pensé à eux en les choisissant ?
J’ai réfléchi aux lecteurs dans ma façon de penser la cuisine. Après, ce sont plus des associations, des idées qui viennent comme cela. On n’est pas obligé de les faire à lettre. On peut prendre une idée et la faire à sa sauce. Après, à ce moment de ma carrière, je n’ai pas forcément envie de devenir ultra accessible. Je ne peux pas donner aux lecteurs un livre trop accessible. Je suis trop jeune, je ne peux pas faire ça en premier. Je suis dans une recherche d’accomplissement et je ne me voyais pas répondre aux desiderata des maisons d’édition. C’est une volonté, et j’espère que cela va plaire aux gens… Il est à notre image, il est complexe, mais entier.
Ce côté très sombre du livre dans la forme, c’est un choix de votre part ?
Oui. C’est un choix même si l’on aurait aimé que les photos soient un peu plus vivantes… On voulait quelque chose de sombre, de minimaliste, mais d’assez cool. Cela répond bien à notre désir premier. Cela me tenait à coeur de le faire de cette manière. Je suis aussi quelqu’un qui vit beaucoup la nuit, je suis tout le temps en cuisine, cela va bien avec ce que je dégage.
Chez un cuisinier, un livre est souvent un jalon dans un parcours… vous sentez qu’il y a un avant et un après « reconnaissance médiatique » ?
Il y a une reconnaissance médiatique qui est énorme, je ne sais pas encore faire pour remercier tout le monde. Après, encore une fois, c’est la reconnaissance par rapport à mon métier. Il va falloir que je prouve, que je prouve encore et encore…
C’est la reconnaissance des pairs, le plus important ?
Ça a une grande importance. Après, si je dis que la reconnaissance des pairs est le plus important, c’est faux. Ils te nourrissent dans la force, dans l’égo, mais le plus important c’est une reconnaissance globale. Il y a un équilibre à avoir. La reconnaissance des pairs... et d’un maximum de personnes.
Et pour le côté « jalon », qu’en pensez-vous ?
J’aimerais bien que ce soit une première marche et que ça puisse me mettre dans la direction que je veux.
Exactement. C’est l’histoire de ma vie. À 30 ans, j’ai la chance d’être vu et accepté comme je suis. Trente ans, c’est long… Et les abats, c’est ça. Ils sont acceptés, mais pas vraiment, et moi, je les bosse depuis quatre ans, il y a un vrai parti-pris. Le fait que ce soit un peu mis de côté, cela m’a plu d’une certaine façon.
Qu’est-ce qu'il se passe ensuite ? Ouverture du nouveau restaurant ?
J’ai envie de faire à manger, on m’attend sur une ouverture. Maintenant, quand ? Personne ne le sait. Tout est très indécis. Pour le moment, il n’y a rien de fait…
Ndlr : Adrien Cachot, en collaboration avec avec la cheffe Lorie Moreau, sera présent pour régaler les festivaliers à Cannes du 6 au 13 juillet au restaurant Le Roof du Five Seas Hotel.
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