Toute la semaine, les éditions Mardaga nous proposent de découvrir l’une des soixante et étonnantes questions du livre de Maxime Morsa, sur l’alimentation. Des interrogations parfois insolites, qui mettent en perspective notre rapport à la nourriture...
AILAFM, CC BY NC ND 2.0
Les effets de l’identification sur les choix alimentaires
Les traits sont tirés, les yeux – parfois encore humides – fixent le sol, l’allure est incertaine, le silence est roi : les lendemains de défaites sont toujours rudes. Tout supporter qui se respecte le sait bien, qu’il soit de football ou d’un autre sport. Et le réconfort, il faut bien aller le chercher quelque part – il faut tout de même continuer à vivre. Alors, pourquoi pas dans la nourriture ? Dans les films, les filles s’enfilent bien d’énormes pots de glace pour soigner leurs peines de cœur… Selon des chercheurs français, les supporters déçus ne s’y tromperaient pas : ils se consoleraient avec des produits gras et caloriques. La défaite rend-elle obèse ?
Méthode
Les chercheurs ont tout d’abord mené une enquête auprès de centaines d’Américains vivant dans une ville ayant une équipe de football américain qui participe à la Ligue nationale. Lors des saisons 2004 et 2005, ils ont recueilli des informations à propos du type et de la quantité d’aliments consommés les jours de matches, ainsi que les lendemains et surlendemains. Ils ont ensuite mené une expérience auprès de 78 participants français. Il leur était demandé d’écrire un texte évoquant l’une des plus belles victoires ou, au contraire, l’une des plus cuisantes défaites de leur club favori. Ils devaient ensuite réaliser une tâche de mots cachés pendant laquelle il leur était proposé de la nourriture (des produits sains : raisins et tomates ; et des produits caloriques : chips et chocolat).
Enfin, 157 autres participants français ont réalisé le même type de tâche, mais certains d’entre eux étaient invités, en plus, à écrire ce qui était important pour eux dans la vie.
Résultat
Les résultats de l’étude aux États-Unis ont montré que, quand le club de la ville perdait, les gens consommaient jusqu’à 10 % de calories en plus que d’habitude. En outre, que l’équipe ait bien joué ou non ne changeait rien : seul le résultat comptait. La situation est similaire en France : les participants qui ont évoqué une défaite de leur équipe ont mangé plus de produits caloriques que ceux qui ont évoqué une victoire. En revanche, lorsque les participants ont réalisé une tâche d’affirmation de soi (écrire ce qui est important pour eux dans la vie), ils ont consommé moins de malbouffe, malgré la défaite.
Conclusion
La tristesse engendrée par la défaite peut amener le supporter à compenser avec la nourriture. Mais, plus que la tristesse, c’est la confusion identitaire dans lequel il est plongé, après avoir vu faillir des athlètes auxquels il s’est identifié pendant le match, qui le plonge dans un stress sans nom. Cet état pompe de l’énergie, qu’il faut chercher dans les aliments… Heureusement, il y a une solution : s’affirmer en tant que personne – et non plus comme simple supporter – pour se rappeler qui l’on est et diminuer l’impact de la défaite sur l’identité. Ouf, on peut continuer à supporter des nuls.
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