1912 et 1050, des bières du Ventoux : ça mousse au sommet !

Parvenus à la Brasserie artisanale du Ventoux, juste derrière la cave coopérative de Mazan, nous sommes tombés sur une scène à laquelle nous ne nous attendions pas à voir si vite. Un couple d’Américains en vacances ont découvert les deux bières au restaurant Les Lavandes, non loin de là, les ont appréciées et ont voulu « aller voir ce que ça donne » sur place, nous explique Alexandre de Zordi. « À Seattle, il y a plus d’une centaine de micro-brasseries et trois cents dans l’état et ils se posaient la question de pourquoi il n’y en avait pas plus ici. Je leur ai expliqué qu’ici c’est plus un territoire de vin que de bière… »

Chargé de communication pour plusieurs sociétés, Alexandre de Zordi, 38 ans cette année, faisait sa bière pour sa consommation : « J’ai fait des études dans le vin et il y a certaines similitudes. La matière n’est pas la même, mais le processus est identique. » C’est poussé par des amis qu’Alexandre se lance « Dans la communication, on produit de l’air, du vent, ça fait pschitt à un certain moment et j’avais envie de laisser une trace ».

C’est avec sa femme qu’il achète une première « unité de brassage, une petite qui faisait 50 litres » et ils se sont donnés un an pour travailler la recette. En amont de la fameuse « recette » le couple a cherché des producteurs qui correspondait à leurs attentes et font le choix d’un fournisseur, les Malteurs échos, une coopérative qui travaille en « biologique, locale et solidaire » en faisant de la réinsertion de personnes en difficultés. C’est ainsi qu’ils travaillent avec quatre malts de la coopérative sur la 1912, la bière blonde de la marque, une bière légère et très peu amère avec même un peu de miel local d’un petit apiculteur de Sault. 

Après la blonde 1912, la bière blanche 1050, Alexandre de Zordi va créer une bière de Noël avec des épices ; il a également l’espoir de créer une bière au safran, de petits lots, pour essayer : « On va jouer un peu à l’alchimiste et si ça ne se vend pas, on les boira… », mais il veut également travailler sur une bière ambrée pour le printemps prochain et une bière qui ressemblera le plus à la région, une bière à la fraise, nous sommes bien proche de Carpentras.

Toutes les bières ont et auront un nom de sommet, si la 1912 représente le Ventoux et la 1050, le Ventouret, l’ambrée devrait s’appeler 1850, Col des Tempêtes. Il y a 14 sommets au pied du Ventoux, de quoi bien développer la marque…

En terminant et c’est là où l’on reconnaît le communiquant, nous avons fait remarquer que le slogan de la bière « Difficile à monter, facile à descendre » était plutôt bien trouvé et allait facilement parler aux cyclistes qui vont comprendre très rapidement le message… « Nous ne voulons pas faire des bières de prestige. Cela doit rester des bières faciles à boire… Comme le Ventoux, il est difficile à monter à vélo, à pied, en voiture… en revanche, la bière, elle, est facile à descendre… »

Alors, est-ce que la bière va faire d’égal à égal avec le vin dans une région particulièrement vinicole ? Alexandre de Zordi répond : « La bière est plus facile d’accès que le vin… Pour une bouteille de bière, il n’y a pas besoin d’un verre, on peut la décapsuler quand on a soif, et là boire comme ça. La bière va effectivement se développer, mais il y aura une vraie sélection par la qualité… »

Si Alexandre de Zordi a créé ses bières en pensant aux touristes qui viendraient dans la région et qui voudraient consommer local, il est étonné de voir que les locaux jouent également le jeu et viennent lui demander où là trouver « Ça me fait chaud au cœur » avoue-t-il.

La brasserie artisanale du Ventoux est une jeune entreprise que nous allons suivre, nous avons hâte de découvrir les prochaines créations qui devraient atteindre des sommets (jeu de mots…).