Quand on vous dit qu'il faut manger local... Lidl, la marque allemande préférée des Français pèse 80 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Pour accroître encore et toujours plus ses marges et bénéfices, elle investit dans la publicité, jusque là tout paraît normal. Malheureusement, elle ne s'arrête pas là. (Mise à jour du 9 août 2016 en bas de page)
CC MRMONDIALISATION
Un rapport publié par Peuples Solidaires, ActionAid France et Oxfam Allemagne révèle la triste situation des travailleurs agricoles du Costa Rica (société Finca Once) et d’Équateur (société Matias). Mais quel est le lien entre ces structures et notre cher (pas cher) LIDL ? Ces plantations sont les fournisseurs directs de la grande distribution en banane. Et les conditions de travail sont dramatiques pour les travailleurs locaux.
Un usage intensif des pesticides est fait alors même que les ouvriers sont dans les cultures. 60 % affirment avoir été dans les plantations pendant que les avions pratiquaient l’épandage au-dessus de leurs têtes, ce qui évidemment est formellement interdit et dangereux. Le résultat est sans appel, ils souffrent de nausées, de maladies respiratoires, de vertiges, mais également de cancers et de fausses couches chez les femmes.
On nous arrose de pesticides, mais on ne nous propose pas de soins adaptés quand on tombe malade. Ça ne les gêne pas que les travailleurs-ses se fassent empoisonner. un ouvrier de Finca Once
LIDL et les propriétaires des plantations fournisseurs ne tiennent pas compte des revendications syndicales, ou alors seulement quant il s’agit de menacer ou licencier les ouvriers. Une femme enceinte peut être licenciée du jour au lendemain (heureusement qu’ils répandent des pesticides finalement...). Aucun contrat de travail n’est signé. 14 heures de travail 6 jours sur 7 dans des conditions dramatiques, un ouvrier a osé témoigner des menaces faites à son encontre lorsqu’il s’est syndicalisé.
Durant l’été 2014, nous avons fondé un syndicat car les conditions de travail étaient terribles. En octobre, nous avons tous-tes été renvoyé-e-s. […] J’ai parlé de notre expérience lors d’une conférence au Pérou. À mon retour, j’ai reçu des menaces envoyées directement du portable de mon ancien patron. “Je t’aurai..” écrivait-il. Je me suis caché durant un long moment et, en mars 2015, j’ai déposé plainte auprès du bureau du procureur. Cette plainte est restée sans suite à ce jour. Isidrio Ochoa, ouvrier et syndicaliste
Conclusion : Nous voulons acheter un produit, ici la banane, le moins cher possible. LIDL exerce donc une pression sur ses fournisseurs pour baisser le coût du travail. Son fournisseur dégrade les conditions de travail de ses employés pour diminuer les charges. La valeur ajoutée produite par ces plantations équatoriennes va pour 42,4 % dans les poches de Lidl, pour 7 % dans celles des ouvriers. Et nous, pendant ce temps-là, on garde la banane en faisant des économies de bout de chandelle. #commerceéquitable #réveillezvous
Et la pétition déclenchée explique : « Leader européen des enseignes de supermarchés discount, Lidl prétend que ses bananes et ananas sont produits de façon “durable”. Mais les travailleurs et travailleuses agricoles des plantations fruitières qui approvisionnent ses étals perçoivent des salaires insuffisants pour vivre dignement, sont régulièrement exposés à des produits toxiques et confrontés à la répression syndicale. Tant que les grandes enseignes comme Lidl exerceront une pression sur leurs fournisseurs pour tirer au maximum les prix vers le bas, les travailleurs-ses agricoles ne pourront ni sortir de la pauvreté, ni faire respecter leurs droits. »
Mise à jour du 9 août 2016 :
Lidl France contacté répond à propos de cet article en se défendant, mais sans le dénoncer pour autant : « La majorité de nos partenaires sont [...] certifiés RainForest Alliance, ce qui garantit la protection des travailleurs. » La majorité... Dommage, nous aurions préféré rencontrer une enseigne qui recherche l’exclusivité des fournisseurs certifiés, pas seulement 51 % des partenaires. Fermer les yeux, c’est déjà cautionner. En bottant en touche, ils confirment silencieusement la véracité de ces témoignages poignants.
Alors faîtes plutôt un geste patriote pour l'économie locale, aujourd'hui, allez manger en terrasse!
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