Plat du jour - Economie

Daesh détruit à petit feu la restauration. Sauvez un restaurateur, mangez en terrasse

Ecrit par Mathieu Oudot le 09.08.2016

Le constat est tristement unanime dans l'hexagone. Les touristes ont boudé la France sur le début de l'été et l'espoir d'une arrière saison meilleure s'étiole peu à peu. Focus sur les dommages collatéraux d'une guerre de terres brûlées.


CC PIXABAY
 
Flashback - Revenons un peu plus d'un an en arrière, le 26 juin 2015, en Tunisie. Il fait chaud et les CHR (Cafés Hôtels Restaurants) sont remplis. Sur la plage à Sousse, dans une station balnéaire, un attentat fait 39 morts et autant de blessés. Un restaurateur tunisien pourtant loin des attentats (sur l'île de Djerba) nous confiera deux mois plus tard sa désolation : "tous les touristes européens ont annulé leurs vols et leurs hôtels, ce n'est pas 39 personnes qu'[il] a tué, c'est 11 millions de tunisiens". En effet, le tourisme étant la principale source de revenus, l'Etat Islamique a réussi avec un homme à geler l'économie d'un pays pour une saison entière.

Aujourd'hui - En France, les attentas se sont depuis multipliés en visant plusieurs villes et différents symboles, avec un constat économique immédiat : baisse de la fréquentation touristique de 10% minimum. Sauf qu'à cette statistique doit s'ajouter le fait que les touristes ayant fui notre pays sont les plus riches et représentent bien plus de 10% des dépenses attendues. Quant à ceux qui ont fait le voyage malgré tout, ils évitent les foules et fuient nos terrasses. Une famille belge assise à l'ombre d'un 
parasol parisien nous confie : "C'est vrai qu'ici comme chez nous les attentas font peur. On n'est à l'abri nul part et on ne peut pas s'empêcher d'y penser quand on s'installe dans un café." Certains restaurateurs ont édité un pré-bilan de la saison, au 31 juillet, avec une baisse du chiffre d'affaires de près de 30%.

Mais le problème est plus grave. Les CHR ont déjà subi plusieurs crises économiques ces dernières années, dont les conséquences financières ont été une diminution voire une disparition de leur trésorerie. Sans argent de côté, difficile de passer l'année. L'Etat Islamique a tristement une fois de plus réussi son coup médiatique... et l'Etat Français n'oubliera pas de prélever au 15 septembre les charges salariales et patronales de la saison, qu'elle fût bonne ou mauvaise.

On comptait sur la saison pour se renflouer. Finalement j'ai même du annuler des contrats saisonniers et donner des congés à certains salariés, c'est la première fois en 15 ans. Un restaurateur bordelais
 

Il n'y a plus qu'à espérer que les riches touristes aoûtiens n'aient pas abandonné la France et débarquent en masse pour compenser le début de l'été, mais le mois est déjà bien entamé et un restaurateur parisien n'y croit pas : "Même si on fait un chiffre exceptionnel ce mois-ci, ce qui me paraît impossible, on compensera jamais les pertes de juin et surtout juillet jusqu'à moins 40 [%] par rapport à 2015!"

Ce midi, sauvez un restaurateur, allez manger en terrasse, sans vous fier aux aberrations de tripadvisor. Dicton du 9 août, ça ne s'invente pas :

" Ce qu'Août ne murît pas, ce n'est pas Septembre qui le fera "
 
A bon entendeur salut.

 

 

Mots-clés : daesh impact tourisme - baisse restaurant bénéfice - café hôtel vide juillet

 

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