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Les liens entre sécurité alimentaire et violence : des Nobel à la rescousse

Ecrit par Gary Nicolas le 12.05.2016

Il est impossible de parvenir à la paix sans sécurité alimentaire et d’assurer une sécurité alimentaire sans paix : tel était le message qu’ont voulu livrer les lauréats du prix Nobel qui ont uni leurs forces aux côtés de la FAO pour s’attaquer au double problème de la faim et de la violence, par le biais d’une nouvelle alliance lancée aujourd’hui au siège de l’Organisation, à Rome. 

 



crédit © FAO
 

Oscar Arias Sánchez, Tawakkol Karman, Betty Williams et Muhammad Yunus — reconnus pour leurs efforts visant à mettre fin à la guerre civile, à promouvoir les droits de la femme, à permettre aux pauvres de bénéficier de microcrédits ou encore à mettre un terme aux violences interreligieuses — conseilleront la FAO sur les différentes manières de renforcer les liens entre la paix et la sécurité alimentaire, dans le cadre du travail continu de l’Organisation pour promouvoir le développement durable et la résilience à l’échelle mondiale.
 

« Libérer le monde de la faim et du besoin contribuera de manière essentielle à la paix durable, » a déclaré le Directeur général de la FAO, José Graziano da Silva, lors du lancement de l’Alliance FAO-Lauréats du prix Nobel de la Paix, ajoutant qu’en situation de conflit, « l’agriculture et la sécurité alimentaire offrent une nouvelle vie aux foyers et aux communautés affectées — ces deux secteurs rassemblent les gens et entraînent une reprise ».
 

« Les zones rurales et leurs populations continuent d’être les plus affectées par les conflits, car les attaques ciblant les communautés agricoles compromettent les moyens d’existence en milieu rural et déplacent les populations. Cela signifie qu’il est essentiel d’aider les agriculteurs afin de prévenir les déplacements massifs et de poser les bases de la reconstruction », a insisté M. Graziano da Silva.
 

Muhammad Yunus, fondateur de la banque Grameen, a choisi de soutenir prioritairement l’entrepreneuriat rural en vue de lutter contre la faim et l’instabilité et a insisté sur l’importance de réaménager les institutions déjà existantes de façon à éviter de reproduire les erreurs commises dans le passé.
 

« Nous connaissons l’entrepreneuriat comme moyen de faire de l’argent. Mais il en existe une autre sorte — un entrepreneuriat capable de régler les problèmes, » a-t-il indiqué, insistant sur l’importance de l’autosuffisance et des avantages inhérents au concept de « business-moteur » permettant de régler les problèmes sociaux.
 

 « Les populations rurales peuvent être d’aussi bons entrepreneurs que n’importe qui d’autre — nous avons besoin d’institutions financières pour les soutenir, » a-t-il déclaré, afin que les jeunes envisagent un véritable futur en milieu rural et qu’ils contribuent à l’emploi et au développement économique, au lieu d’aller chercher du travail en ville. »
 

« La pauvreté et la peur n’ont pas besoin de passeport pour voyager, » a déclaré Oscar Arias Sánchez, ancien Président du Costa Rica, rappelant comment la faim et le besoin avaient provoqué la plus importante crise migratoire que le monde ait jamais connue depuis des décennies.
 

« Il existe une violence qui vous frappe soudainement avec une arme et celle qui progresse lentement, » a-t-il déclaré, tout en énumérant les différentes manières dont la guerre affecte les communautés agricoles et l’environnement. « Le manque de résilience et de sécurité alimentaire dans de nombreux pays n’est autre que de la pure violence. »



 

En rappelant à l’audience que le premier poème écrit parlait de guerre, Arias Sánchez a insisté sur le choix qui s’offre aujourd’hui à la communauté internationale : « Personne n’a encore écrit le dernier poème — nous avons toujours de l’encre dans notre plume, » a -t-il ajouté. « Nous devons décider si nous voulons décrire une scène dans un désert avec la mort comme protagoniste — ou nous pouvons décider de parler de l’eau, du pain, de l’air et de la sève des arbres — nous devons décider si nous allons écrire un dernier poème sur la guerre ou un poème sur notre paix et notre sécurité alimentaire, » a-t-il indiqué.
 

Faisant écho à Muhammad Yunus, l’activiste des droits des femmes Tawakkol Karmana a qualifié l’échec des efforts visant à éradiquer la faim comme la plus grande honte de l’humanité. Elle a notamment fait remarquer que pendant que le processus de mondialisation, qui est actuellement en train de transformer la planète, a permis à certains individus et entreprises d’amasser d’immenses fortunes, des millions d’autres personnes souffrent de la faim tous les jours. « Cette équation doit changer, ce dont nous avons besoin c’est d’une mondialisation juste et positive dont tout le monde partagerait les avantages, » a-t-elle déclaré. « Cela nécessitera un engagement moral et une véritable volonté politique, » a-t-elle précisé.
 

« Lorsque vous êtes confrontés à un problème comme celui de la faim, cela ne sert à rien de pleurer — la question est maintenant de savoir ce que vous allez faire face à cela, » a déclaré l’activiste nord-irlandaise Betty Williams. « Des larmes sans une action à suivre, c’est du gaspillage. » Si nous pouvons y parvenir, cela représentera un grand pas pour l’humanité, » a-t-elle ajouté en parlant aujourd’hui de la nouvelle alliance.
 

Dans un message vidéo, l’ancien Secrétaire général des Nations Unies et prix Nobel de la paix, Kofi Annan, a souligné les différentes manières dont la faim et la concurrence pour les ressources naturelles pouvaient exacerber les tensions sociales et a appelé à réfléchir à la paix et à la sécurité alimentaire de manière plus holistique.

 

 

 

Mots-clés : pouvoir agriculture violence - conflit guerre civils - paix faim Nobel

 

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