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Rabelais, du vin, des idées : Chinon à dada sur les Nourritures élémentaires

Ecrit par Don Quichotte de La Plancha le 26.09.2016

Complètement DaDa Dans un entretien accordé à Georges Hamilton en 1959, Marcel Duchamp affirme que Rabelais était DaDa (Marc Dachy, Dada et les dadaïsmes, Gallimard, Folio Essais, 1994, p.372). « A DaDa sur mon banquet » se propose d’activer au sens propre cette filiation évoquée par Marcel Duchamp entre l’esprit rabelaisien et l’esprit dadaïste, dans ce qu’ils ont d’irrévérencieux et de décalé.
 


Les monumentales Caves Painctes situées sous la forteresse Royale de Chinon sont le lieu idéal pour cet hommage qui célèbre par un banquet loufoque et démesuré, le souffle de vie qu’est l’esprit DaDa, né au cœur de la guerre 14-18. En plein conflit, à Zürich en 1916, le scandale dadaïste hurle sa poésie, crie ses mots dans un brouhaha incessant où la remise en cause devient le creuset de l’art nouveau : « (...)Tzara en frac explique devant le rideau, sec sobre pour les animaux, la nouvelle esthétique : poème gymnastique, concert de voyelles, poème bruitiste, poème statique arrangement chimique des notions, Biribum biribum saust der Ochs im Kreis herum [Huelsenbeck], poème de voyelles aaô, ieo, aiï, nouvelle interprétation de la folie subjective des artères la danse du cœur sur les incendies et l’acrobatie des spectateurs. De nouveau cris, la grosse caisse, piano et canons impuissants, on se déchire les costumes de carton le public se jette dans la fièvre puerperale interomprrrre. (...) » 

CHRONIQUE ZURICHOISE, in : Dada Almanach (Berlin, Eich Reiss, 1920), p.10-23. Repris dans Die Geburt des Dada, Zurich, Die Arche, 1957, p.169-179. 


 

Et si dans l’histoire, tout commence ou finit par un Banquet marquant souvent une victoire, comme le Banquet à la Treille dans l’art Assyrien ou le Banquet de Platon qui met en scène le personnage de Socrate et la valeur du dialogue avec cinq éloges de l’amour lors d’un dîner bien arrosé ou le banquet fictif qui clôt chaque aventure d’Astérix et Obélix, sans oublier les banquets gargantuesques des personnages de François Rabelais, c’est bien ici la victoire des esprits libres et éclairés exposés dans le premier manifeste de Monsieur Antipyrine, qui sera célébré. 
 

Le banquet : la cerise sur le festival Les Nourritures Elémentaires 


Pour être fidèle à l’esprit DaDa, il fallait un metteur en scène porte-drapeau d’une liberté artistique toujours à l’œuvre et créateur de banquets-performance mémorables. Jacques Halbert est celui-là !

Après avoir déclaré sa flamme à la cerise qu’il peint toujours depuis 1974, payé ses études aux Beaux Arts de Bourges en travaillant comme cuisinier dont il endossera systématiquement le costume lors de ces nombreuses performances culinaires et artistiques qu’il créera par la suite, il s’envole à 24 ans aux États-Unis, en 1977 pour en découdre avec la vie de bohème, partageant avec ces amis du mouvement Fluxus le désormais célèbre immeuble situé au 537 Broadway à New York city qui abrite aujourd’hui The Emily Harvey Foundation.

l y rencontre les plus grands artistes, le musicien Don Cherry qui deviendra son ami – est-ce un hasard lorsqu’on peint des cerises ? – mais aussi Alan Jones, Dorothée Selz, Jeff Koons, Andy Warhol, Daniel Spoerri dont il exposera les œuvres dans « The Art Café » le lieu que Jacques Halbert a fondé dans East Village. Il fait partie des artistes, avec entre autres Ben et François Morellet, à collaborer au mouvement Eat Art de Daniel Spoerri. 
 

Tout en maintenant une création picturale contemporaine radicale dont le leitmotiv est la cerise, Jacques Halbert multiplie les performances en participant par exemple en 1978 à « Art performance/minutes » organisé par Jean Dupuy avec l’aide de Pontus Hulten au Musée du Louvre. En 1980, il crée la performance « Le pâtissier pâtissé » dans le cadre du Festival Eat Art de Daniel Spoerri à Chalon-sur-Saône, qu’il dupliquera par la suite plusieurs fois : la dernière en date fut en 2010 dans le cadre de l’Abbaye de Fontevraud. 
 

De retour en France, après 26 années passées aux États-Unis, Jacques Halbert s’installe dans sa région natale sur les bords de Loire en 2003. Il y travaille d’arrache-pied, une rétrospective de son œuvre lui est d’ailleurs consacrée en 2006 au Centre de Création Contemporaine de Tours. Il prépare sa prochaine exposition du 20 au 24 octobre 2016 sur les Champs Elysées dans le cadre de Art Elysées, le rendez-vous de l’art moderne parisien dans le pavillon de la Galerie Baudoin-Lebon. Avec les étudiants de l’école des Beaux Arts du Mans et ses amis artistes Joël Hubaut et Alain Biet, Jacques Halbert conçoit actuellement le banquet dadaïste du 5 novembre prochain à Chinon, sans toutefois révéler ce qui nous attend ! 

 

 

« A DaDa sur mon banquet », un banquet dadaïste pour fêter la filiation entre Rabelais et le mouvement Dada et les 100 ans du premier manifeste 1916-2016, le samedi 5 novembre à 20 h 30 aux Caves Painctes – Chinon 45 €/par personne vins inclus – Réservation obligatoire au 02 47 93 30 44 

 

 

 

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