Plat du jour - Société

Les Centres E.Leclerc récompensent leurs boulangers

Ecrit par Fred Ricou le 28.06.2018

Ils étaient 16 finalistes à littéralement mettre la main à la pâte. Lundi 25 juin, les Centres E.Leclerc organisaient leur grand concours annuel du meilleur professionnel. Après les bouchers, il y a deux ans, les pâtissiers, l’an dernier, c’était au tour des boulangers de montrer leurs talents. Cette année, c’est un boulanger de Limoges, Cédric Hulin, qui emporte le titre de Meilleur Boulanger E.Leclerc de France.

 


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Ils venaient tous de différentes grandes surfaces en France, de Marmoutier, d’Urrugne, de Saint-Just-en-Chaussée, de Limoges, de Lanester, de Rambouillet, de Marly, de Domérat, de Pineuilh, de Touques, de Saint-Amand-les-Eaux, de Olonne-sur-Mer, de Narbonne, de Meyzieu, de Mayenne et de Montélimar. Tous ont en commun la farine, l’eau, la levure. Tous travaillent dans un centre Leclerc comme boulangers et après 7 heures de concours, c’est le Limougeaud Cédric Hulin qui remporte les quatre épreuves. Pour gagner ce concours national, il fallait réaliser 15 baguettes de tradition française, créer un pain de nutrition, 12 croissants, 12 pains au chocolat, et 12 viennoiseries ainsi qu’une pièce décorative sur le thème de « votre région ». 

 

Si les centres E.Leclerc se lancent depuis quelques années dans ce genre de prix, c’est véritablement pour montrer que dans les centres commerciaux de la marque, il y a de véritables professionnels qui travaillent sensiblement dans les mêmes conditions que certains artisans. Bien évidemment, les quantités ne sont pas les mêmes. Alors qu’un artisan va, par exemple, travailler environ 200 baguettes dans la journée, les boulangeries des centres commerciaux vont tourner aux alentours de 1000 à 2000 baguettes par jour. Aurélie Pilon, chargée de catégorie dans les boulangeries du groupe, explique que ce genre de concours est très important également « même au sein des équipes. C’est aussi pour montrer au grand public que souvent l’image qu’ils ont de ce genre de boulangerie est erronée. On a l’impression que nous ne faisons que du cru surgelé, alors que nous avons de vrais labos et de vrais boulangers. Aujourd’hui la seule différence vient des volumes » mais ajoute également : « En fonction de régions, ils savent aussi quel est le pain qui est le plus attractif ». 

 

La marge de manœuvre de chaque boulangerie dans chaque centre est différente, en fonction du personnel, des produits et de la créativité. Les produits peuvent être différents en fonction des régions aussi bien en boulangerie, qu’en pâtisserie ou encore en viennoiserie. Chaque boulangerie affiliée aux centres à le choix de piocher dans un « catalogue fournisseurs » pour les farines et autres levains mais, est encouragée à se servir dans le tissu professionnel local. Il serait dommage, quand on a une meunerie de qualité pas loin de ne pas en profiter. Au niveau national, la société E.Leclerc est là pour donner des ordres de prix sur la farine à acheter et propose également quelques marques distributeurs. 

 

Pour ce concours, précisément, les candidats pouvaient apporter leur levain, et, pour les « pains nutrition », leurs farines. C’est peut-être cela qui a fait la différence entre eux. Le Président du jury, Joël Defives, Meilleur Ouvrier de France 2004 et co-créateur des boulangeries Thierry Marx, tient bien à faire remarquer que s’il a répondu par la positive à la proposition d’être membre du jury, c’est véritablement parce que « Le réseau E.Leclerc a ses propres labos et ont le droit à l’appellation boulangerie. Ils fabriquent et cuisent sur place. Ce sont vraiment des boulangers à part entière ». Toujours selon Joël Defives, la concurrence des centres commerciaux a permis d’aider l’artisanat « Même si certains en ont beaucoup souffert » rajoute-t-il. Quand, lui-même était en apprentissage, il ne faisait que du pain blanc et du pain de campagne, les centres commerciaux ont peut-être aidé, à l’instar d’un Jésus boulanger, à multiplier les pains de toutes sortes. Après, le Meilleur Ouvrier de France l’affirme : « Il ne faut pas prendre les consommateur pour des idiots, quand c’est bon, c’est bon ! » et « quand on voit le travail qui est fait aujourd’hui pour ce concours, pour moi, ce sont des artisans… ». 

 

Tous ouvriers confirmés, les trois qui sont arrivés sur le podium sont ceux qui, d’après le Président du jury, ont su se mettre dans les conditions du concours, en danger, et qui ont su maîtriser parfaitement la fermentation. Ce jour-là, il faisait chaud et ce n’était pas des conditions idéales pour faire de la viennoiserie. 

 

Thibault Perchey du magasin E.Leclerc de Touques et Romain Morineau d’Olonne-sur-Mer, sont arrivés deuxième et troisième de la compétition. Cédric Ducroux du Leclerc de Meyzieu et Sébastien Dutreuilh Lagarde de Pineuilh ont, quant eux, respectivement reçu les Prix du « Meilleur pain nutrition » et « Meilleure pièce décorative ». 

 

Beaucoup d’hommes, alors qu’il n’y avait que deux femmes parmi les candidats. Julie Geenen en faisait partie. Cette jeune femme de 31 ans, originaire de Narbonne, s’était finalement peu entrainée pour le concours avant de passer les épreuves. Et si l’on pense qu’elle fait cela tous les jours, on a tout faux ! « Les croissants, la viennoiserie, je n’en fait pas ! Le façonnage manuel, à part les boules, on n’en fait jamais, c’est mécanique. En fait, ça remonte à l’école ! » Pour s’entraîner, quand même, elle a pu retourner au CFA de Lézignan, deux ou trois fois, ce qui lui a surtout permis de gagner les régionales. Sans vouloir être forcément un étendard, à la rigueur un modèle, le fait d’être une femme dans ce métier et dans ce concours « montre que les filles sont à tout à fait capables de faire ce métier-là et qu’il faut arrêter les clichés, que la boulangerie est un métier d’homme » et confie-t-elle « Après, c’est un métier physique. Il ne faut pas être une chochotte ! Il ne faut pas être feignant et ne pas avoir peur de se lever le matin… ». Julie ne cache pas que son statut de femme dans le métier lui a mis « un peu de bâtons dans les roues » à la sortie de ses études de boulangerie quand elle avait 25 ans, c’est aussi pour cela qu’elle est boulangère chez Leclerc « Je ne regrette pas qu’ils m’aient embauchée… »

 

C’est peut-être un renouveau des grandes surfaces ce côté « artisanal » qui pourtant fait grincer des dents les artisans. On se souvient il y a quelques mois que les artisans bouchers se plaignaient de voir le mot accolé aux centres commerciaux en criant au mensonge. Jean-François Guihard, le président de la confédération des bouchers, soulignait chez nos collègues de LCI « La loi prévoit que pour se prévaloir de cette qualité, une entreprise doit relever de l'artisanat, c'est-à-dire être immatriculée au répertoire des métiers ». À voir si la loi pourrait évoluer et les artisans venir vérifier sur place comme a pu le faire le président du jury. 

 

Mots-clés : centre leclerc - boulangerie concours - artisanat grande surface

 

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