Le 17 novembre 2025, la Maison de la Mutualité à Paris accueillait le Gala Gault&Millau 2026. Chefs, sommeliers, artisans du goût, jeunes pousses et fidèles de la scène gastronomique française s’y sont retrouvés pour célébrer le deuxième plus célèbre des guides gastronomiques.
Après un hallucinant discours de Patrick Haydoun, le Président-directeur général de Gault&Millau France et International, rappelant que les chefs distingués devaient revendiquer leurs Toques avec la même fierté que l’affichage d’Étoiles, la cérémonie a mis en avant plusieurs professionnels, acteurs majeurs comme talents émergents, de la gastronomie française.
Avec, au centre de l’attention, César Troisgros, élu Cuisinier de l’Année 2026. Une distinction qui marque un moment singulier : rarement une dynastie familiale aura traversé ainsi les décennies jusqu’à inscrire trois générations, après Pierre (1987) et Michel (2003), dans un même palmarès. César s’inscrit dans cette continuité tout en poursuivant une écriture personnelle, mais également un héritage assumé, transfiguré par le regard d’aujourd’hui.
Dans un vibrant hommage à ses parents, César n’a pas hésité une seule seconde à remercier sa mère Marie-Pierre, « qui oeuvre pour l’hospitalité » de la maison familiale et son père, Michel « Un cuisinier curieux, créatif, exigeant et bienveillant » en soulignant que les deux lui avaient transmis et continuent chaque jour de le faire « cette vision de l’excellence, de l’audace et de la liberté ».
Heureux pour ce chef de grand talent et pour la famille Troisgros, dont le nom s’est installé dans l’histoire contemporaine de la gastronomie, nous restons cependant pantois devant ce prix qui n’a jamais jusque là récompensé de femme cheffe depuis son existence en…1980. Peut-être, effectivement, le titre aurait du nous mettre la puce à l’oreille :« Cuisinier de l’année » et non « Cuisinière ». Après tout, il y avait là, un indice de taille…
Bien sûr, on pourra rappeler — comme chaque année — que les femmes brillent ailleurs, notamment en pâtisserie ou en sommellerie (voir ci-dessous). C’est vrai. Mais curieusement, la plus haute marche, celle qui façonne l’histoire officielle, demeure réservée aux messieurs. Peut-être une tradition. Peut-être un oubli. Peut-être un script qui n’a jamais été relu. À ce stade, on hésite. Quoi qu’il en soit, la gastronomie française évolue, elle. Le palmarès gagnerait peut-être à suivre le mouvement.
Du côté des douceurs, donc, Anne Coruble, pâtissière de L’Oiseau Blanc – The Peninsula, a été sacrée Pâtissière de l’Année . Sa signature s’appuie sur une idée simple, mais exigeante : peu de sucre, beaucoup d’intuition. La collaboration qu’elle mène avec le chef David Bizet porte la table vers un équilibre rare entre précision, délicatesse et inventivité.
Le vin, lui, a trouvé en Marion Cirino, sommelière de L’Ambroisie, sa Sommelière de l’Année . Sa manière tient de la conversation plutôt que de la démonstration : une écoute fine, des conseils calibrés, et cette faculté à raconter un vin sans jamais prendre le dessus sur l’expérience du convive.
En salle, Fanny Perrot (Alléno Paris – Pavillon Ledoyen) a été distinguée Directrice de salle de l’Année . Elle incarne un accueil contemporain, informé, capable de mener chaque table sans donner l’impression de la diriger. Entre rigueur, empathie et sens de la distance juste, elle tisse ce lien discret, mais essentiel entre cuisine et convive.
La relève n’est pas restée en coulisse. Loïs Bée, à La Table – Christophe Hay et Loïs Bée, obtient le titre de Grand de Demain. Parcours précis, technique solide, créativité qui s’affirme sans chercher l’effet : de quoi confirmer que cette maison, déjà bien notée, avance avec constance.
À Bouchemaine, près d’Angers, Romain Zarazaga, du restaurant Lueurs, devient Jeune Talent, quelques mois seulement après l’ouverture de son restaurant.
Mots-clés : Gault Millau 2026 - Maison Troisgros - Roanne
