Plat du jour - Société

Des restaurants au secours des étudiants : l'exemple du Reflet

Ecrit par Fred Ricou le 25.02.2021

Aux quatre coins de la France, divers restaurants mettent la main à la pâte pour aider les étudiants en situation de grande précarité. L’un d’eux, le Reflet y apporte même un petit supplément d’âme. 

 


Photo Facebook Restaurant Le Reflet

 

Les étudiants vivent avec cette crise sanitaire l’une des périodes les plus problématiques de leurs jeunes vies. Les petits boulots ont en grande partie disparu et il est extrêmement difficile pour certains de survivre entre les cours en distanciel, les courses, la nourriture, la santé, la vie quoi… La précarité estudiantine se multiplie et il est compliqué de s’en sortir quand la famille ne peut pas aider. Avant la crise, leur budget mensuel pour s’alimenter était de 136 euros, aujourd’hui, cette faible somme est encore plus mise à mal. 

 

Heureusement, chaque crise apporte son lot d’entraides et plusieurs restaurants ont décidé de travailler presque bénévolement pour ainsi aider  les étudiants dans le besoin. Que cela soit le groupe de restauration Homy Kitchen ou le restaurant le MetSens qui propose des repas gratuits ou très peu chers à Bordeaux. Ou encore, les restaurants le Ti' Punch de la Réunion, ou Culina Hortus à Lyon - l’établissement qui a reçu récemment le titre de Meilleur restaurant végétarien du monde et dont le chef Adrien Zedda a récemment participé à Top Chef - qui a offert dimanche de la Saint-Valentin, une centaine de repas aux étudiants dans le besoin et recommencera demain vendredi 26 février. De même My Little Warung, réseau de franchise de restaurants de street-food asiatique propose, quant à lui, une centaine de plats dans une dizaine de leurs restaurants en France. « Les étudiants constituent clairement notre clientèle de prédilection, il est normal de les soutenir en cette période difficile par cette initiative » précise Brice Dervaux, co-fondateur de la franchise. 

 

Malgré les souffrances actuelles du secteur, ils font le choix de poser leur coeur dans l’assiette. À Paris, un restaurant un peu différent propose cette aide, Le Reflet. Le Reflet, c’est un lieu qui a ouvert ses portes dans la capitale en novembre 2019, qui est le petit frère du même Reflet, à Nantes, qui lui a fait son premier service en décembre 2016. 

 

Le Reflet à d’excellents cuisiniers qui font une nourriture délicieuse et réconfortante. Les produits sont choisis et tous viennent de circuits court. Il y a ici une véritable exigence gastronomique. La salle du Reflet est aussi jolie que celle des autres restaurants que l’on peut trouver à Paris et comme tous les autres restaurants, le Reflet à des serveurs… très sympas ! 

 

Mais, il y a une petite différence qui fait que ce Reflet est une entité gastronomique un peu à part. La plupart des serveurs du restaurant sont porteurs de trisomie 21. En temps normal, quand le Covid n’est pas là, tout se passe extrêmement bien, tout le monde est heureux dans ce joli restaurant du 3e arrondissement aussi bien les cuisiniers, les serveurs, que les clients, en bref, la différence, finalement, ne fait aucune différence… 

 

Mais ici, à cause de la situation sanitaire, et comme pour tous les autres, le restaurant est l’arrêt forcé. Depuis quelques semaines, le Reflet a cependant rouvert ses portes pour proposer des repas à 1 euro aux étudiants qui en ont le plus besoin. 7deTable a contacté la créatrice des deux Reflets, Flore Lelièvre, qui était ce jour-là, à Nantes dans le premier restaurant, elle nous explique ainsi pourquoi s’être lancé dans cette aide-bénévole : « L’équipe se réunit depuis décembre une fois par semaine, pour passer un peu de temps ensemble et faire des activités. Il y a un peu plus d’un mois, notre chef pâtissier nous dit qu’il venait de voir une vidéo qui se passe à Liège où ils font des trucs super. Ils proposent des menus pour les étudiants précarisés, à un euro. Tout le monde a trouvé ça génial, et en cinq jours on a monté l’opération » et ajoute « C’est sur la base du volontariat. Les équipes travaillent bénévolement et l’idée est de travailler avec quasi exclusivement des produits qui nous sont donnés. » 
 

 

 

Différents fournisseurs disent oui tout de suite, comme Bottes en ville qui donne des fruits et des légumes, le pâtissier Benoît Castel qui livre le pain, ou encore Maison Jacquet qui propose des produits à base de truffes, est également de ceux-là… Bref, un réseau bienfaiteur se monte autour du Reflet Paris. Au début l’équipe les a un peu cherché, maintenant ce sont les fournisseurs qui viennent directement eux-mêmes pour proposer aides et produits. Même Guillaume Gomez, l’ex-chef des cuisines* de l’Élysée, très engagé et également parrain du restaurant, a fait livré une trentaine de poulets de Bresse au restaurant, la première semaine. 

 

Le Reflet, en temps normal, met la différence en avant et nous nous sommes posé la question si, justement, le fait d’être dans ce combat contre la paupérisation estudiantine allait également dans le sens d’une forme de « convergence des luttes » : « Complètement ! Quand on a vu l’initiative, on commençait tout juste à parler de la situation des précaires de certains étudiants. Quand on a parlé de cela à l’équipe, tout le monde s’est dit qu’évidemment il fallait faire quelque chose, personne ne s’est posé la question. On a du temps, on a des gens qui sont prêts à nous suivre, et ça fait du bien à l’équipe de se retrouver et de se rendre utile. Maintenant que l’opération est lancée, cela prend tout son sens et symboliquement, c’est chouette de se dire que ce sont des personnes en situation de handicap qui viennent apporter un peu de gourmandises et de sourires à la situation des étudiants qui n’est vraiment pas simple ». L’idée du Reflet est de réellement créer la rencontre… 

 

Le personnel du restaurant, porteur de trisomie 21, ne vient pas tous les jours au restaurant. Il travaille une fois par semaine, par roulement, au lieu de quatre jours en temps normal. Tous sont très heureux de venir travailler sur place, il y a un échange qui se crée avec les étudiants, et cela fait du bien à tout le monde. Un véritable lien social se met en place et l’on en a tous bien besoin en ce moment... 

 

 

*Guillaume Gomez vient de quitter les cuisines de l’Élysée pour démarrer une nouvelle mission auprès du Président de la République : « Ambassadeur du savoir-faire français ».

 

Mots-clés : Restaurant Le Reflet - Trisomie 21 - aides aux étudiants

 

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https://7detable.com/article/societe/des-restaurants-au-secours-des-etudiants-l-exemple-du-reflet/3301