Le thon en conserve que nous achetons dans les grandes surfaces sous forme de conserve, de plats préparés ou celui que nous consommons au restaurant n’est apparemment pas toujours le véritable thon. Selon une enquête menée par une journaliste, Camille Oger, le thon, mis en vente dans les supermarchés, est en réalité un poisson nommé Bonite à ventre rayé. Mais l’industrie du thon ne ment pas, pour autant à ses consommateurs. La Bonite à ventre rayé possède un second nom : le thon Listao. Elle joue simplement avec les mots !
L’industrie du thon ment-elle aux consommateurs face aux produits vendus ? Non. La plupart des conserves de thon contiennent de l’albacore, mais il n’est pas le seul poisson utilisé. Le thon étant rare dans les eaux du Pacifique, un poisson nommé Bonite à ventre rayé – Euthynnus pelamis – est pêché en abondance pour le remplacer. Selon le règlement du conseil du 9 juin 1992 – fixant les normes communes de commercialisation pour les conserves de thon et de bonite – la bonite à ventre rayé, appelée également thon listao, peut être commercialisée sous l’appellation de thon. Étant une variété dérivée de ce dernier, le goût et la forme se ressemblent considérablement. L’industrie du thon peut donc produire et vendre la bonite à ventre rayé, sans crainte. Ce poisson peut également être vendu sous l’appellation Bonite.
Non loin des ports de pêche, dans la ville de Tambler, se situe la société Ocean Canning. Elle est spécialisée dans la mise en conserve de poisson. On y trouve notamment le thon listao ou bonite à ventre rayé. L’économie de la ville est principalement maintenue grâce à cette usine de conserve. Autrefois, elle mettait en boîte tous types de poissons, mais, étant pêchés en abondance, certains d’entre eux sont aujourd’hui en voie de disparition et ne font plus partie du marché des grandes industries. Ils exploitent donc essentiellement du thon – albacore, obèse, rouge, listao.
Une fois pêché, les bonites sont amenées à l’usine où près de 300 employés dépècent, enlèvent la peau, lavent, découpent et mettent en boîte le thon Listao pour de nombreuses marques à l’internationale dont deux Françaises : Primance et La pulpe qui sont commercialisées auprès de restaurateurs.
Voici une petite vidéo montrant la fabrication et la mise en boîte de du thon Listao :
Dans ces conserves, seul la bonite au ventre rayé y est préparée, aucun mélange d’espèces de poissons n’apparaît. Les étiquettes contiennent la désignation « au naturel », ce qui s’explique par le fait que le jus naturel, retiré lors de la cuisson – ou un substitut de ce jus – est utilisé pour remplir les boîtes et mieux conserver le thon.
La partie noire de la chair du poisson, qui n’est pas intégrée aux conserves, n’est pas jetée. Elle est réutilisée pour fabriquer du pâté pour chien !
La Bonite a remplacé le thon, car ce dernier est en voie de disparition dans les eaux du pacifique. Il y a 18 ans, le thon était un poisson abondant dans ces eaux. La récolte était tellement importante que les industriels n’arrivaient pas à vendre tous les poissons. Marianing Fernandez, le président de l’usine de Tambler explique que « le thon était si abondant qu’il ne valait rien. On le pêchait en quantité impressionnante, et, comme on n’arrivait pas à le vendre, on enterrait littéralement les stocks ». Puis, depuis les années 2000, la pêche du thon a diminué à vue d’œil, au point qu’il est devenu un poisson rare et cher – voir très cher. Un poisson rouge du Pacifique de 342 kilogrammes, très apprécié des Japonais, a été vendu 300 000 euros en 2011. Les thons plus commercialisés en occident comme le thon albacore ou le thon obèse, voient également leur prix augmenter à, environ, 7euros le kilogramme.
Aujourd’hui, la bonite fait partie du top 3 des poissons les plus pêchés après l’anchois et le Colin d’Alaska. Selon le site de la compagnie du thon océanique, en 2012 près de 4,5 millions de tonnes de thons adultes a été commercialisées. Parmi ceux-là, on compte plus de la moitié de thon Listao. Cette variété est donc soumise à la surpêche.
N’ayant, apparemment, pas suivi la leçon face à la grande et brutale diminution de la pêche du thon, il semble que la Bonite est sur le point de suivre le même parcours. Il semblerait que, d’ici quelques années, le thon Listao pourrait à son tour devenir rare dans les eaux du Pacifique.
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