Pousse-café - Roman

Eugénie Grandet : Honoré de Balzac se sucrait avec plaisir

Ecrit par OB-Wan Sashimi le 29.04.2016

Eugénie Grandet est une œuvre de l’un des plus grands romanciers français du XIXe siècle, Honoré de Balzac. Ses écrits sont immenses, il raconte avec romantisme et réalisme la société bouleversée de son temps. Le roman publié pour la première fois en 1833 retrace l’histoire d’une famille extrêmement riche habitant à la campagne dans la privation la plus totale. Eugénie est prisonnière d’un père avare et despotique. Dans ce roman, les illusions se heurtent à un monde cruel où l'argent ruine tout. Plusieurs thèmes sont traités et analysés comme l’amour, la religion, l’éducation, l’argent, le vice, et bien sûr une réalité historique de la société du 19e siècle que Balzac aimait présenter au grand jour.

 

Eugénie apporta le verre. Grandet tira de son gousset un couteau de corne à grosse lame, coupa une tartine, prit un peu de beurre, l’étendit soigneusement, et se mit à manger debout. En ce moment, Charles sucrait son café. Le père Grandet aperçut les morceaux de sucre, examina sa femme qui pâlit, et fit trois pas ; il se pencha vers l’oreille de la pauvre vieille, et lui dit :
— Où donc avez-vous pris tout ce sucre ?
— Nanon est allée en chercher chez Fessard, il n’y en avait pas.



Il est impossible de se figurer l’intérêt profond que cette scène muette offrait à ces trois femmes : Nanon avait quitté sa cuisine et regardait dans la salle pourvoir comment les choses s’y passeraient. Charles ayant goûté son café, le trouva trop amer et chercha le sucre que Grandet avait déjà serré.

La gastronomie a toujours eu une place importante chez les écrivains pour insuffler la vie et le goût. Eugénie Grandet n’y échappe pas, une scène en particulier. Rien n’est gaspillé dans la famille Grandet, ni le vin, ni le beurre, ni le sucre. Avec un père aussi avare, on mesure la nourriture, on surveille les grappilleurs. Le lendemain de l’arrivée de son cousin et pour lequel elle ne tardera pas à éprouver un sentiment amoureux, Eugénie décide de lui préparer avec attention son petit déjeuner. Elle y dresse du pain, du beurre, de la galette, du café, du vin et du sucre. La jeune Eugénie ose affronter son père lors de la scène du petit déjeuner. Pour Grandet, le sucre, par la douceur qu’il suscite, est une denrée féminine. Il doit se consommer avec parcimonie. Il ne supporte pas l’idée de le voir sur la table ce matin-là disposé soigneusement par sa fille. Il tente de le ranger.
 

— Que voulez-vous, mon neveu ? lui dit le bonhomme.
— Le sucre.
— Mettez du lait, répondit le maître de la maison, votre café s’adoucira.
Eugénie reprit la soucoupe au sucre que Grandet avait déjà serrée, et la mit sur la table en contemplant son père d’un air calme. Certes, la Parisienne qui, pour faciliter la fuite de son amant, soutient de ses faibles bras une échelle de soie, ne montre pas plus de courage que n’en déployait Eugénie en remettant le sucre sur la table. L’amant récompensera sa Parisienne qui lui fera voir orgueilleusement un beau bras meurtri dont chaque veine flétrie sera baignée de larmes, de baisers, et guérie par le plaisir ; tandis que Charles ne devait jamais être dans le secret des profondes agitations qui brisaient le cœur de sa cousine, alors foudroyée par le regard du vieux tonnelier.
— Tu ne manges pas, ma femme ?



L’amour va permettre à Eugénie de gagner le nom de Grandet par le courage de s’opposer au choix de son père. 

Balzac fera beaucoup parler de lui avec La Comédie Humaine ; un projet prodigieux et sans précédent dans l'histoire de la littérature. Il décide de regrouper l’ensemble de ses œuvres dans un seul et même tout. Eugénie Grandet figure parmi les plus célèbres et les personnages les plus frappants de La Comédie humaine.

 

 

Mots-clés : Honoré Balzac romans - littérature Eugénie Grandet - Eugénie Grandet

 

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