Pousse-café - Roman

Dans la cheminée, le feu, la marmite et la crémaillère : une cuisine simple

Ecrit par Hilaire Marie le 10.06.2016

« La cuisine » est un poème classique extrait du recueil Les Flamandes écrit par Émile VERHAEREN en 1883. Ce poète est né en 1855 à Saint-Amand, près d’Anvers. Ses poèmes portent la marque du mouvement symboliste, avec, notamment, des textes en vers libres. On lui reconnaît aisément la capacité à refléter, dans ses œuvres, la beauté de l’effort humain. En 1883 est publié son premier recueil : Les Flamandes évoque son pays natal, à travers des poèmes réalistes, mais également imprégnés de l’esthétique naturaliste. L’ouvrages est salué, pour sa vision avant-gardiste, mais dans le même temps, son portrait de la Flandre et des habitants n’est pas du goût de tous...

 


Jos Goemaer, Le Christ chez Marthe et Marie



Dans son poème « La Cuisine », Verhaeren évoque la crémaillère, un ancien ustensile utilisé au Moyen Âge. L’appareil permettait d’approcher du feu la marmite et d’avoir alors une cuisson plus ou moins rapide pour les plats. Le feu étant continuellement gardé à puissance égale, il devenait possible de ménager une cuisson spécifique. L’auteur évoque la crémaillère, mais il s’attache davantage à décrire le feu. Il le compare au soleil détaille ses couleurs, son mouvement. 

 

Si l’évocation de la crémaillère nous transporte dans les sensations visuelles, on peut aussi humer ce qui mijote dans la marmite.


 
 
Au fond, la crémaillère avait son croc pendu,
Le foyer scintillait comme une rouge flaque,
Et ses flammes, mordant incessamment la plaque,
Y rongeaient un sujet obscène en fer fondu.
Le feu s’éjouissait sous le manteau tendu
Sur lui, comme l’auvent par-dessus la baraque,
Dont les bibelots clairs, de bois, d’étain, de laque,
Crépitaient moins aux yeux que le brasier tordu.
Les rayons s’échappaient comme un jet d’émeraudes,
Et, ci et là, partout, donnaient des chiquenaudes
De clarté vive aux brocs de verre, aux plats d’émail,
A voir sur tout relief tomber une étincelle,
On eût dit – tant le feu s’émiettait par parcelle –
Qu’on vannait du soleil à travers un vitrail.

La cuisine, Emile Verhaeren, Les flamandes, 1883

 

Mots-clés : Poème cuisine cremaillere - Émile VERHAEREN Flamandes - Littérature foyer marmite

 

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