Critiques - Pour apprendre

Nourrir, réjouir, réunir…. et se découvrir avec la cuisine !

Ecrit par Papilles créatives le 12.09.2016

On dit souvent que c’est avec la domestication du feu que l’être humain a marqué une avancée notoire dans son évolution et s’est démarqué du règne animal. La maîtrise du feu, qui ouvre notamment la possibilité de cuire les aliments, a en quelque sorte signé les prémices de la cuisine (attention, cela ne veut pas dire pour autant que cuisiner signifie nécessairement cuire des aliments… assembler des ingrédients entre eux fait aussi partie, à mon sens, des talents culinaires !).

 


Eric cooked lunch at the studio
Juhan Sonin, CC BY 2.0



Entendue comme le fait de « préparer et accommoder des aliments de telle sorte qu’ils soient propres à la consommation et agréables au goût » (si l’on en croit la définition du Larousse), la cuisine est donc, entre autres, ce qui nous distingue de l’animal, qui lui mange pour (sur) vivre. Mais alors, hormis manger, à quoi donc nous sert de cuisiner ? Qu’attendons-nous de cette activité quotidienne, familière pour certains, intimidante ou inhabituelle pour d’autres ? 

 

Lorsque l’on parle de cuisine, il est courant d’évoquer les 3 fonctions de l’acte alimentaire, chères au nutritionniste Jean-Michel Lecerf


Nourrir : Fonction biologique d’abord. 


Cuisiner a en effet pour but de nourrir l’homme. Il s’agit de mettre du carburant dans la machine, de suppléer aux besoins du corps en apportant les nutriments nécessaires au maintien en vie et à la croissance. Ce besoin biologique est évidemment un besoin que nous partageons avec le règne animal et végétal, à la différence près que nous ne nous contentons pas (ou pas seulement) de manger : nous préparons notre nourriture, nous l’accommodons à notre goût. 

Plus symboliquement, nourrir son corps, c’est aussi subvenir à l’ensemble de ses besoins de bien-être (en lui fournissant des aliments qui pourront être facilement ingérés, digérés et éliminés), entretenir sa santé et prendre soin de soi. Ces préoccupations expliquent pour une large part l’attention portée à ce que nous mettons dans nos assiettes aujourd’hui et la priorité donnée à une alimentation bio, saine, santé, végétarienne ou plaisir (rayer la mention inutile).


Réjouir : Fonction psychologique ensuite. 


Cuisiner permet également de réjouir et apporte donc le plaisir indispensable au développement harmonieux de l’être humain. Un acte aussi anodin que manger permet de vivre une expérience de plaisir, ce plaisir trouvant sa source soit dans la satisfaction primale et archaïque de son appétit (la vie est bien faite, se nourrir nous procure des sensations agréables !), soit dans des ravissements sensoriels plus gourmands et/ou plus esthétiques. 

Réjouir parle aussi du contentement lié à la possibilité qu’a l’homme de conscientiser son acte alimentaire : éprouver de la gratitude d’avoir bien mangé et d’avoir fait une expérience hédonique et se sentir comblé par des moments qui vont venir étayer sa mémoire et ses souvenirs culinaires.


Réunir : Fonction sociale enfin. 


L’acte alimentaire est également l’occasion de réunir les humains. L’homme ritualise ses prises alimentaires dans le cadre de repas partagés avec ses semblables. À bien y penser, tous les événements marquants de la vie (naissances, mariages, anniversaires, succès et retrouvailles, et même les deuils) sont célébrés et honorés autour d’une table. Cette tradition est très ancrée en France, comme en témoigne d’ailleurs l’inscription récente (2010) du repas gastronomique des Français au patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l'UNESCO.
 

La cuisine et le fait de manger ensemble permettent de créer du lien et de le consolider. Elle invite aussi à rencontrer et accueillir l’autre dans ce qu’il a de différent, à faire preuve de tolérance et à accepter de se laisser toucher par lui.

Et (se) découvrir !
 

Nourrir, réjouir, réunir, 3 fonctions essentielles de l’acte alimentaire qui répondent à 3 besoins fondamentaux de l’être humain (biologique, psychologique et social). Et pourtant, je reste convaincue qu’il en manque une : découvrir ! 
 

La cuisine permet en effet d’explorer son identité et son rapport au monde, de prendre conscience et d’interroger ses fonctionnements et d’en apprendre plus sur soi. Et d’ailleurs, le besoin d’exploration fait aussi partie de nos besoins essentiels. Faire preuve de curiosité, découvrir le monde qui nous entoure et trouver des réponses aux questions qu’on se pose, bouger (physiquement comme psychiquement) sont indispensables à notre bien-être et notre épanouissement. C’est la raison pour laquelle je crois profondément à la cuisine thérapie. Je suis convaincue que l’on peut apprendre de soi (voire transformer des choses en soi) par le biais de la cuisine

 

Mots-clés : nourrir réjouir réunir - cuisine découverte épanouissement - plaisir création cuisiner

 

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https://7detable.com/article/pour-apprendre/nourrir-rejouir-reunir-et-se-decouvrir-avec-la-cuisine/947