Critiques - Pour apprendre

Interview : Wesh poto, on a rencontré Scotchman !

Ecrit par Fred Ricou le 19.02.2019

Passé très très rapidement par les cuisines de TopChef, Franck Morello alias Scotch-Man présente aujourd’hui sur Canal + Décalé son émission, Scotch Cuisine extra forte. Dérivé, mais avec plus de moyens, de ce qu’il faisait sur Youtube il y a quelques années, le bonhomme va où le vent le pousse mais rêve surtout de son propre restaurant… 

 

 

À mi-chemin entre Bon Appétit, bien sûr et Ali G, Franck Morello a créé en 2009, sur Youtube, Scotch-Man, un street-personnage « qui t’apprend la cuisine, frérot »… Arrivé sur Canal + Décalé au mois d’octobre pour une première vague d’émissions, la deuxième a démarré début février. Nous l’avons rencontré, à Paris, rue du poto… euh… Poteau ! 

 

Vous n’étiez pas forcément très intéressé par faire de la télé au départ, c’est l’argent qui vous a fait venir sur Canal + ? 

Non. C’est de fil en aiguille. Au début, nous faisions les vidéos avec mon pote Charles sans gagner trop d’argent, c’était juste pour délirer. On tournait rapidement, mais l’on mettait, peut-être, six mois avant d’en sortir une. Quand les vidéos ont commencées, on s’est fait approcher par deux-trois mecs, des boîtes des prod’, mais ça ne s’est jamais réellement fait, c’était du bla-bla. Quand les mecs de Takt sont venus me proposer de faire des pilotes pour Canal, je n’ai pas dit non. Après, Top Chef est venu s’entremêler. Pour Top Chef, c’était pareil, je n’étais pas chaud pour y aller… mais, après, j’ai eu mon gamin, j’ai arrêté au Bristol, j’ai galèré pour trouver des places de chef, ça ne collait jamais. Maintenant, ça marche. Je n’ai plus besoin de me lever le matin pour aller en cuisine. Ce n’était pas mon but d’aller à la télé et n’est pas du tout, non plus, mon but d’y rester, ce serait plutôt un restaurant. Si j’ai mon émission de cuisine qui dure un peu, avec le restaurant, ce sera parfait ! 

 

Est-ce que vous sentez qu’il y a eu un avant et un après Top Chef ? malgré le tout petit passage… 

Un petit truc, oui. Mais depuis 10 ans que je fais des vidéos sur internet, il s’est toujours passé un truc tous les six mois. En commençant par l’édition spéciale avec Daphné Bürki, ils m’ont rappelé l’année suivante, j’ai fait par la suite un truc avec un petit groupe de rock à Paris. Tous les ans, il y a un nouveau truc. Mais sinon, ouais, on va dire qu’il y a plus de followers sur les comptes, il y a des articles qui sortent, mais ça n’a pas changé ma vie… 

 

Allez, psychanalyse de comptoir, c’est qui Scotch-Man par rapport à Franck Morello ? 

Euh… c’est… 

 

Est-ce que ce que vous ne pouvez pas faire avec Franck, vous le faites avec Scotchman ? 

Oui, c’est un peu ça….  et fois 10 ! C’est le mauvais copain de la cour de récré. Avec lui, on se marre bien, mais il y a toujours une petite sentence à la fin. La journée ne se termine jamais bien. Plus je grandis et plus Scotch-Man change. Ce n’est pas le même que quand je l’ai créé il y a 10 ans. J’arrivais complètement éclaté, j’avais une basket différente, je me faisais de faux coquards, j’arrivais tout en scotch… J’intégrais vraiment le personnage à fond… Scotch-Man venait du futur, je racontais ça. Au bout d’un moment, j’entendais les rappeurs parlaient tout le temps du futur, et ça m’a saoulé. Scotch-Man a commencé à voyager dans le passé, je suis plus « à l’ancienne » que dans le futur… 

 

La cuisine prend le dessus par rapport au personnage maintenant ? 

Ouais, bien-sûr ! Il y a 10 ans, je voulais passer à la télé et être connu, aujourd’hui c’est un restaurant, l’important. Je suis déjà passé à autre chose maintenant. Si j’ai pas d’émission, je veux mon restaurant. Si je n’ai pas de restaurant, j’aurai d’autres idées… J’aime beaucoup la musique, dès que le restaurant fonctionnera, je ferais de la musique. 

 

Est-ce que quand vous aurez votre restaurant, vous avez pensé que les gens viendront voir Scotch-Man et pas forcément ce type plus sage qu’est Franck Morello ? 

Oui, mais c’est un peu comme les chefs. Il y a des gens qui viennent du Japon pour manger chez Ducasse et le chef n’est pas là, aujourd’hui ! Les gens ne sont pas forcément déçus… 

 

Oui, mais Ducasse, effectivement, on sait que l’on ne va le voir quand on vient dans l’un de ses restaurants. Mais vous, c’est Scotchman que l’on viendra voir… 

Au début, certainement les gens viendront voir Scotch-Man, mais après, ils m’auront vu, c’est bon ! Ils viendront pour la bouffe… Mais ce ne sera pas le théâtre. Je ne mélange pas tout ! Je ferai le con à la télé, mais au restaurant ça tournera. Je ne m’amuserai pas à faire le show pour le show… Mais les cuisines seront ouvertes, j’ai beaucoup bossé dans des cuisines où l’on ne voit ni les clients, ni la salle, ça fait bizarre. 

 

Quand vous étiez dans de belles maisons comme Le Georges V, Le Plaza Athénée, Le Laurent ou encore le restaurant du Bristol, comment étiez-vous perçu quand vous faisiez vos vidéos ? 

C’est vraiment quand je suis entré au Bristol, j’avais 28 ans, que je l’ai vu. Ce n’est pas que je me cachais mais je n’en parlais pas, et un sous-chef m’a reconnu « Mais, t’es Scotch-Man ? », j’avais les cheveux rangés et la toque, et là, le sous-chef a changé, il est passé de très sérieux à « Hey, Scotch-Man, ça va ? ». J’ai appris, après, qu’une note interne des cadres, avec mes vidéos, avait circulé. Même le Chef Fréchon, les a vues ! Pendant un service, j’ai un pote qui m’appelle pour me dire que Laurent Jeannin (ndlr : ancien chef pâtissier du Bristol, décédé en juillet 2017) regardait mes vidéos avec ses clients. J’arrive et je les voyais se fendre la gueule ! Mais sinon, quand c’était sérieux, ils me taclaient là-dessus, mais souvent l’ambiance était super bonne. J’ai souvent failli arrêter. Mais j’ai toujours été un peu con et un peu sérieux quand il fallait l’être… 

 

Comment la cuisine est apparue dans votre vie ? 

J’ai grandit à la campagne, après j’ai fait 10 ans à Drançy. Puis Paris, pour revenir, il y a cinq ans à Saint-Ouen. Ma mère cuisinait beaucoup, je faisais le marché avec elle. Au collège, j’étais très mauvais, j’ai redoublé ma sixième, j’ai fait une très mauvaise cinquième et en quatrième, ma mère me met en stage dans le restaurant de direction de son entreprise. C’est le chef qui m’a tout appris, un compagnon du devoir, un vieux chef à l’ancienne. J’avais la chance de ne pas travailler le soir et d’avoir mes week-ends. J’ai commencé par un stage et il a dit à ma mère qu’il m’appréciait. Il m’a proposé de venir travailler avec lui, de gagner 1000 francs par mois et d’aller à l’école qu’une fois par mois. J’ai accepté tout de suite ! La cuisine m’a sorti d’un truc où je n’aurais rien fait de spécial… 
 

 

Comment est-ce que vous l’avez travaillée, cette émission, pour passer des vidéos YouTube au résultat que l’on voit aujourd’hui sur Canal ? 

Déjà, elle s’anticipe deux mois avant. Après, il y a plein d’idées qui me reviennent donc ce n’est pas très compliqué pour moi, il faut juste les pondre sur une feuille. Les thèmes et la tenue en fonction, on réfléchit à un invité, à la musique qui va bien. On pense au plans… ça c’est le premier mois. Le deuxième on tourne, on choisit les commerçants, le matos, la déco, j’ai même un pote qui me fait les joggings… Après, deux semaines de tournage : la première en intérieur, avec les invités, et la deuxième semaine en extérieur où là, je me change 40 fois par jour. On a aussi changé un peu l’émission parce que l’on sait que des enfants nous regarde. Avant, je disais souvent « Putain de sa mère ! », ça faisait marrer les mecs sur Youtube…, je ne le dis plus ! Même mon fils de quatre ans regarde l’émission… 

 

Qu’est-ce que vous regardez comme émission culinaire ? 

Je suis très fan de l’émission de Petitrenaud, je regardais l’émission de Robuchon quand j’étais petit…

 

Vous en êtes très loin ! 

Pas tant que ça. Sur un plan cam de planche où ça coupe propre, moi je le vois dans mes émissions ! J’essaye de reproduire tous les trucs que j’ai kiffés, comme Maïté par exemple. Là, on a tourné une émission où l’on est sorti de Paris, mais j’ai aussi envie d’aller en Corse, d’aller à l’étranger. Elle mérite d’évoluer ! 

 

Qu’est-ce que l’on mangera dans le restaurant de Franck Morello / Scotchman ? 

Que du « à l’ancienne » ! Blanquette, oeuf mayo, poireau vinaigrette… Je ne vais rien inventer, je ferai ce que je sais faire. Des burgers, des lasagnes, des fondants et des moelleux au chocolat. Et dès que ça tourne bien, j’achèterai du turbot et je mettrai une petite sauce hollandaise. Je ferai des trucs super simples ! On cherche un lieu, là. Je vais commencer tout petit… et je vais l’embellir avec ma technicité et le bon esprit qu’il y aura à l’intérieur… 

 

Ce sera un bistrot, en fait ! 

Oui, j’adore ces endroits-là. Pas une brasserie mais plus un petit bistrot de quartier. On ouvre à 6 heures du matin, les éboueurs viennent boire leur café,… Taffer 15 heures par jour, je sais faire. Ce sera classique et même dans la déco… 

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Les prochaines émissions : 

Samedi 23 février : Menu "Kids" avec cordon bleu triple cheese ; purée maison

Samedi 2 mars : Menu "-16 ans" avec canard au sang ; poêlée de trompettes de la mort et sa persillade anti-vampires ; explosion de pop-corns

Samedi 9 mars : Menu "Mafioso" avec sauce tomato + Polpette + La Pasta

Samedi 16 mars : Menu "Classico" avec hachis parmentier PSG ; fougasse droit au but

Samedi 23 mars : Menu "Normandie" avec aile de raie au beurre blanc, pommes de terre confites ; tarte aux pommes flambées au calva

Samedi 30 mars : Menu "UK" avec fish & chips ;  sauce tartare ; mash up de petits pois à la menthe

Samedi 6 avril : Menu "We Love Green" avec légumes rôtis et ses parures en velouté ; mesclun de salades aux herbes

Samedi 13 avril : Menu "Goûter" avec tarte au citron meringuée et limonade

 

Mots-clés : scotch man - franck morello - canal plus décalé

 

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