Nouvelle génération de caviste, Raphaëlle Butteau s’est installée il y a quelques mois à Cachan pour ouvrir « Elle a du vin ». Ses préférences vont clairement vers les vins nature et en biodynamie. Rencontre.
Photo 7deTable.com
Il y a 2000 ans, dans le petit village de Cana, un être a réussi, lors d’un mariage fastueux à transformer l’eau en vin. Extraordinaire, parce qu’en plus, c’était un vin bio, sans pesticide, très très bon, vraiment belle qualité… Depuis ce temps, et même s’il y a eu des hypothèses du genre : « Si ça se trouve, c’était une sorte de sirop de vin dans lequel, l’eau à permis de se retransformer en vin… », on cherche toujours comment faire pour recommencer…
Cependant, peut-être qu’une jeune femme de Cachan, en banlieue parisienne, a trouvé il y a quelques mois, le moyen de réussir à nouveau ce miracle millénaire ! Raphaëlle Butteau a 29 ans et en décembre 2019, elle change complètement de métier. Pendant plusieurs années, elle s’est déplacée de restaurant en restaurant comme commerciale pour une marque qui proposait d’installer des filtres dans les cuisines, pour que l’eau du robinet soit aussi bonne, au goût des clients, que celle que l’on pourrait boire avec une bouteille à peine ouverte.
Et là, d’un coup, l’enfance est remontée à la surface comme les bulles d’une eau gazeuse : Raphaëlle se souvient qu’elle aimait tenir la caisse du magasin de sa grand-mère quand elle était plus jeune. Elle aimait cette relation au client et se dit qu’il serait bien qu’elle retrouve cette sensation, elle aussi, dans un lieu bien à elle. Elle a envie de ce lieu, et elle sait qu’elle aimerait monter un projet autour du vin. Ses visites professionnelles dans les restaurants démarrent régulièrement par un petit verre, et Raphaëlle commence à y prendre goût. Comme le dit, presque, le proverbe : « Fontaine, je ne boirais pas de ton eau… en revanche, si tu pouvais me refaire goûter ce petit vin nature, je ne suis pas contre… ». Raphaëlle explique à 7deTable.com : « C’est en buvant beaucoup d’eau que je me suis rendu compte que j’aimais beaucoup le vin. C’est au fur et à mesure que je fréquentais les restaurants avec lesquels je travaillais qui étaient dans une démarche de cuisine engagée, de saison, produits frais, etc. En général, ces gens font des vins qui sont un peu plus libres. J’ai bu beaucoup de vins conventionnels, de trucs vraiment pas terribles à la fois pour la santé et pour l’environnement, et au contact de ces restaurants là, je prenais un verre de vin, même le midi, et je me suis retrouvé à goûter des trucs beaucoup plus expressifs… et là, j’ai eu un déclic ! C’était globalement sur les vins en biodynamie et les vins naturels qui m’ont fait dire “C’est vraiment un milieu formidable ! Je ressens des choses !” Je n’avais jamais identifié de passion, jusque-là… »
Devanture Elle a du vin - Photo 7deTable.com
Le vin… la clientèle… Illumination ! Elle va tout changer pour devenir caviste ! Plus besoin d’alpaguer le chaland, il va venir à elle toute seul.
Sur les conseils d’un ami caviste, justement, Raphaëlle décide d’apprendre alors sur le tas, de goûter énormément de références et de ne surtout pas faire de formation. Elle nous explique sa raison : « Dans le monde du vin, il y a beaucoup de professionnels qui entretiennent le côté de parler en terme bien technique pour ne pas que les gens puissent comprendre - comme les avocats - et ainsi qu’ils ne puissent pas progresser. J’ai voulu ne pas faire de formation, et je me suis formé en allant voir des vignerons, en dégustant sur des salons (ndlr : du vin). Le fait de rencontrer les vigneronnes et les vignerons, c’était comprendre le travail dans sa globalité de la vigne à la vinification. Il y a 6-7 ans, si j’allais dans un caveau, c’était pour goûter, pas pour tout le reste, maintenant, le plaisir est encore plus grand de découvrir comment le schmilblick se fait… »
Sa cave s’appelle donc « Elle a du vin », un peu comme un pied de nez à tout ce que certains pourraient croire. C’est à Cachan, sa ville, qu’elle s’est installée. Aujourd’hui, la jeune caviste a pris ses marques, elle travaille directement avec les vigneronnes et les vignerons, sans trop d’intermédiaires, et avec l’énergie que cette jeune femme dégage, on a envie de passer ses journées avec elle pour qu’elle nous fasse découvrir tout ce qu’elle aime.
Depuis un an et demi, dont un an de covid, avec sa collègue Adeline, elles vendent 90 à 95% de vins français, quelques vins italiens, espagnols ou portugais et pareils pour les spiritueux où elles vont préférer travailler, principalement, avec des faiseurs hexagonaux.
Bien entendu, elles ont tout goûté et chaque bouteille a une histoire à raconter. Elles vont alors se fier à ce que les clients vont leur dire sur le goût et leurs envies pour, au maximum, trouver le flacon qui leur convient, quitte à bousculer légèrement les amateurs… « Plus les gens viennent, plus le travail est facile », nous confie la caviste. Un peu comme une libraire qui va penser à un client bien particulier au moment de la réception d’un livre, Raphaëlle n’hésite pas à mettre de côté une bouteille pour tel ou tel fidèle.
Pour le moment, Raphaëlle Butteau a déjà réussi à changer l’eau en vin dans sa vie (c’est bien un miracle, non ?) C’est un début pour ses clients qui ne la remercie jamais assez de s’être installé là. Avec plein d’envies de toute sorte pour la suite, Raphaëlle représente une nouvelle génération de caviste : Jeune, femme, cherchant à la fois les saveurs et soucieuse de l'impact environnemental, mais aussi ouverte sur les gens qui viennent à elle et sur les différents vins qu’elle propose. À la sienne !
Elle a du Vin
5-7 Rue Guichard
94230 Cachan
Mots-clés : Vins biodynamie - jeune caviste - Vins nature