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Brûlerie Barbès : Quand un « petit café » n'a jamais aussi bien porté son nom

Ecrit par Fred Ricou le 26.11.2020

À quelques pas de la rédaction de 7deTable.com, comme nous buvons pas mal de café, il nous fallait notre lieu où le trouver. Pas le supermarché, ce serait trop simple et pas forcément au niveau. Voilà, la Brûlerie Barbès avec, à sa tête, sa responsable, Amel Ouadah. 

 

Amel Ouadah - Photo 7deTable.com
Amel Ouadah - Photo 7deTable.com

 

Depuis 20 ans grâce une grande marque multinationale nous sommes tous devenu des experts en café… Aujourd’hui, quand on propose un café à quelqu’un, celui-ci va demander, l’air de rien, les différentes sortes de café que l’on peut bien avoir. C’est la même histoire que pour le thé… 

 

Comme pour le thé, nous ne buvons pas le même café au même moment. Le café du matin noir ou avec du lait, le café espresso que l’on boit après le déjeuner, celui de tous les jours qui ne sera pas le même café que celui du week-end. Bref, on peut avoir chez soi, différentes sortes de café et cela les grandes marques l’ont bien compris… 

 

En plein quartier de la Goutte d’Or, à Paris, une torréfactrice fait la différence, Amel Ouadah. Amel est née en Algérie, il y a 53 ans, et pour une raison bien précise, ses parents décident de déménager en France, avec ses deux frères, pour simplifier la vie de toute la famille. 

 

La vie française démarre, la famille s’installe à Paris et quelques années plus tard, en 1972, les parents d’Amel décident de devenir hôteliers. Pendant plusieurs années, ils vont rester 5-7 ans dans un hôtel, vont le revendre, en reprendre un autre et la vie continue… Ils vont passer des quartiers chics aux quartiers populaires, des quartiers mouvementés aux quartiers plus tranquilles. C’est à l’adolescence qu’Amel va découvrir la Goutte d’Or, ce quartier multiculturel, ultra vivant, parfois un peu trop vivant…

 

Pour Amel, le commerce, les clients, la vente… que ce soit des chambres ou du café aujourd’hui, c’est le même fonctionnement, elle maîtrise. Les parents d’Amel commencent à prendre de l’âge, ils lui proposent donc, tout naturellement de reprendre le dernier hôtel en date alors qu’elle en était déjà la gérante. Même si elle connaît bien le fonctionnement des hôtels, l’hôtellerie ne lui dit plus grand-chose et ainsi, elle refuse. 

 

Avec un bac comptabilité en poche, elle va s’essayer à deux-trois expériences dans le monde du travail, mais celles-ci ne sont pas très concluante. Il faut le dire maintenant, Amel à une petite différence. Amel mesure 1m24 et ce n’est pas toujours facile de trouver un travail stable quand on est différent.

 

Amel a toujours travaillé en famille et aujourd’hui encore son fils de 25 ans, Rayane, doté d’un master en marketing digital & communication à l’Ipag, vient régulièrement travailler avec elle à la Brûlerie Barbès. Il apprend avec elle, doucement, les ficelles du métier. 

 

La Brûlerie existait déjà avant qu’Amel n’en devienne la patronne, elle connaissait bien son prédécesseur et celui-ci lui n’a pas hésité longtemps à lui demander un jour si elle ne voulait pas reprendre l’activité. Avec l’aide de la personne qui était tous les jours à la brûlerie, il va ainsi la former au métier sur sa vieille machine, son vieux torréfacteur qui grille les grains de café à l’ancienne, une machine d’une quarantaine d’années. L’endroit, très sombre, n’était pas forcément très accueillant, Amel va complètement le transformer pour en faire un lieu chaleureux comme le café qu’elle peut nous servir, en temps normal. 

 

La nouvelle responsable de la Brûlerie Barbès va également se former elle-même, elle va demander conseil à ses fournisseurs qui vont l’aider à travailler les arômes des cafés, elle va lire quantité de livres sur le sujet, mais elle a surtout, et même si l’expression est un peu galvaudée, l’amour du métier. Comme elle nous l’explique, être torréfactrice c’est surtout faire confiance à ces 5 sens…

 

« Je sens le grain, je vois la qualité. C’est surtout les côtés olfactifs et visuels qui sont les éléments moteurs du choix. D’autant plus que mon torréfacteur est de 1979, n’est pas électronique et ne m’aide pas plus que ça… Il grille, mais il ne va pas me dire pour quel café il faut tant de temps. C’est vraiment artisanal. La torréfaction, elle dépend de toi… Il y a une magie qui s’opère… Cela fait un an et demi que je suis là, et chaque grillage est différent… » explique-t-elle. 

 

Avec sa machine quarantenaire, Amel ne voudrait certainement pas en changer ! Quand elle est arrivée dans les locaux, elle avait le choix. Pour la même somme, soit elle en achetait une toute nouvelle, toute belle, soit elle faisait entièrement réparer celle-ci. Elle a choisi la plus compliquée, mais la plus artisanale des solutions.

 

Bien évidemment, que nous nous sommes rencontrés, il fallait que l’on parle de sa petite taille et de ce travail qui est finalement assez physique. Mais Amel a une réponse parfaite… : « Je me suis complètement adapté à mon physique. Mon torréfacteur reçoit une dizaine de kilos de café vert. Je fais trois fois… trois kilos ! Je monte trois fois sur mon escabeau, quand Violette, celle qui était là avant, transvasait dix kilos tout de suite…  Mais ça… c’était avant le torréfacteur ! C’est une évidence pour moi. Une fois, ma mère qui n’est pas naine est venue, m’a dit « Non, non, attends, je vais t’aider ! », mais moi, je ne vois pas pourquoi on devrait m’aider ! » 

 

Avec quelques problèmes personnels familiaux, Amel n’a pas encore pu tout faire ce qu’elle désirait dans sa boutique. Elle vendra bientôt du miel, des cafetières, du chocolat, différents cafés de prestige, des petits cookies, etc.

 

Il est essentiel de passer prendre son café à la Brûlerie Barbès pour découvrir les mélanges de Amel, ses cafés italiens, italiens, péruviens, mexicains, etc. et surtout sa gentillesse et sa bonne humeur communicative…


Brûlerie Barbès 
14 Rue des Poissonniers, 
75 018 Paris

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Mots-clés : café torrefaction - quartier barbes - goutte d'or

 

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