Matos - Les couverts

Le Binchōtan, pour redécouvrir le goût de l'eau

Ecrit par Fred Ricou le 20.06.2019

Avant les vacances qui se profilent, 7deTable va proposer une série d’objets et autres utilitaires pour essayer de vivre un été zéro déchet plastique ou presque … Premier de la série, le binchōtan, où l’on redécouvre l’eau du robinet … 

 

Photo Kyuké

Pour 84% des Français, l’eau du robinet est reconnue comme bonne à la consommation, en revanche, quand on parle de goût, à peine 69% en est réellement satisfait. Autant boire de l’eau fraîche au léger goût de chlore ne dérange que très peu (le chlore est volatile, dans une carafe, il s’en va au bout de deux heures …), autant, sortie du robinet et à température ambiante, une même eau peut rapidement dégoûter. Il existe alors, depuis quelques années, des filtres que l’on peut installer directement sur son installation d’eau ou des carafes filtrantes dont l’usage est souvent remis en cause pour diverses raisons écologiques. 

Nouvelle solution en Europe (quelques initiés la connaissent ...) qui pourtant existe depuis des centaines d’années au Japon, le Binchōtan. 0% de plastique, contrairement aux autres filtres, le binchōtan fait justement partie de la fameuse famille des « charbons actifs » que l’on trouve à l’intérieur de ceux du commerce. Petit bâton d’une dizaine de centimètres, plongé dans un litre d’eau du robinet, il permet en quelques heures de la rendre « pure ». Les Japonais l’utilisent depuis des siècles pour « purifier » l’eau du thé, par exemple. Mais qui dit pure, parle uniquement de goût, le binchōtan n’est pas fait pour traiter une eau qui serait impropre à la consommation. 

Principalement fait en chêne vert japonais, Quercus phillyraeoides pour les plus botanistes de nos lecteurs, son bois y est carbonisé à plus de 250°C pendant deux semaines dans des fours traditionnels et l'on monte jusqu’à 1000°C dans les derniers moments. Devenu charbon actif et particulièrement poreux, il enlève ainsi les goûts gênants dans l’eau, mais également attirerait les ions des contaminants et des toxines comme ceux de la chlorine, du mercure, et du plomb, mais aussi du cadmium et du cuivre. Miracle, il conserverait les minéraux essentiels comme le calcium et le magnésium. Ainsi, il serait donc facile d’avoir une eau saine, sans goût et bien entendu, sans achat de bouteille plastique ! 

Avec un bâton, il est possible de « purifier » un litre d’eau au bout de quelques heures d’attente (entre 2 heures minimum et 8 …) et ce, pendant approximativement 6 mois. 

Deuxième chose magique, le binchōtan au bout de 6 mois ne se jette pas (zéro déchet, on vous dit !), il peut aussi avoir une deuxième vie dans un frigo ou même un placard à chaussures, ou même vos WC pour bouffer les odeurs … Étonnant ! 

L’entreprise Kyuké est toute récente. Ils sont deux, Violette et Chaouki, et font venir directement leur binchōtan d’un artisan japonais de Wakayama, qu’ils connaissent. C’est la région principale de fabrication. Chaouki a de la famille au Japon, ceci facilitant cela. Ces deux anciens commerciaux, l’une dans la coiffure, l’autre dans le café décident de se lancer dans ce marché en pleine expansion puisque le binchōtan entre totalement dans la vague healthy et zéro déchet

C’est donc au Japon qu’ils découvrent ce charbon. Au début par le barbecue japonais; comme il fume, mais ne brûle pas, c’est lui qui donne son goût si particulier aux petites brochettes yakitori. Chaouki se souvient également durant son enfance de morceaux de binchōtan, plongés dans la cuisson du riz. Fasciné par le goût de leur eau sur place, il se demande comment faire pour qu'il soit mieux connu en France. Après quelques recherches sur Internet, le couple se décide à en vendre et à créer Kyuké (traduction de pause détente, en Japonais …). Chaque mois, pour le moment, le couple va recevoir une trentaine de kilos de binchōtan brut. Chaouki va alors les trier et les nettoyer avant de les envoyer.

Un bon binchōtan ne doit pas flotter dans l’eau, il doit bien couler pour qu’ainsi le pouvoir filtrant soit au maximum. Violette et Chaouki ont choisi l’artisan qui répondait le plus à leurs attentes, en développement durable et qui élague des chênes qui ont plus de 30 ans. 

Aujourd’hui, les binchōtan Kyuké sont trouvables dans une vingtaine de points de vente en France et sur internet, mais la demande est de plus en plus importante. Sur le marché actuel, une autre entreprise, anglaise, vend du binchōtan, cependant, c’est un bois laotien, du chêne blanc, avec une densité bien moins élevée que celle du chêne vert japonais. Vendu sous plastique, c’est plus une sorte d’industrialisation du binchōtan. Ici, Kyuké est une entreprise française, plus modeste, mais plus proche de ce zéro déchet, davantage plébiscité. 

Le binchōtan n’est pas une révolution, ce n’est pas non plus une nouveauté au sens premier où l’on peut l’entendre. C’est juste une nouvelle manière de consommer de l’eau du robinet. On a véritablement une sensation de pureté quand elle est bue fraîche et quand il fait chaud, comme il s’apprête à faire dans les semaines qui arrivent, c’est absolument délicieux …

Site : Kyuké

 

Mots-clés : Binchōtan japonais - zéro déchet - pureté

 

Retour en haut

https://7detable.com/article/les-couverts/le-binch-tan-pour-redecouvrir-le-gout-de-l-eau/2627