Plat du jour - Législation

Un vigneron bordelais attaque une journaliste pour diffamation

Ecrit par Feuillerat Jérémy le 13.06.2016

Le 9 juin, Isabelle Saporta journaliste et écrivain comparaissait devant le Tribunal correctionnel de Paris pour avoir tenu des propos qualifiés de diffamatoires. C’est Hubert de Boüard, copropriétaire du château Angélus (Bordeaux, Saint-Emillion), qui l’attaque pour les écrits de son livre « Vino Business » (Ed. Albin Michel) paru en 2014. À la suite d’une longue période en compagnie du copropriétaire dans son château, la journaliste avait fait un récit que ce dernier estime peu flatteur. Elle s’expose maintenant à devoir payer une amende de 60 000 € à Hubert de Boüard.

 
Justice
Paul Sableman by 2.0


L’histoire de ce procès part d’un livre paru en 2014 et écrit par Isabelle Saporta « Vino Business ». Ce livre c’est écrit après un long séjour en compagnie d’Hubert de Boüard au château Angélus, château dont il est copropriétaire. Dans le livre, la journaliste critique le fait que De Boüard cumule plusieurs fonctions dans des organisations qui classent les vins bordelais. En effet, il est vigneron, mais aussi syndicaliste des vins de Saint-Emillion, membre de la fédération du conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux, y compris d’un comité dépendant du ministère de l’Agriculture, l’Inao.

 

Le problème de ce cumul de responsabilités pour la journaliste est que le vigneron participe à toutes les institutions qui valident le classement des crus bordelais. Pour elle rien d’étonnant, donc, que lors du dernier classement de 2012, le château soit entré dans la catégorie des premiers grands crus classés A, la plus prestigieuse. Il peut ainsi connaître ce qu’il faut savoir pour avoir un bon classement : « C’est comme de passer le bac en sachant que les maths ont un coefficient de 30 %, mais sans savoir si ce seront des épreuves de géométrie ou de probabilités », ajoute-t-elle. Saporta s’interroge sur plusieurs critères du classement qu’elle considère comme sur mesure pour le viticulteur. Le fait d’avoir un vin déjà célèbre est un avantage, le vin étant apparu dans un film de James Bond.

résumé de l'éditeur 
 

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Financièrement, le fait d’avoir un château classé en premier grand cru valorise l’hectare de vigne : « Quand vous êtes grand cru votre hectare de vignes vaut 1,5 million, quand vous êtes premier grand cru c’est 4 ou 5 millions, quand vous n’êtes plus classé c’est 600 000 euros. ». Il faut également ajouter le fait que le prix du vin est revu à la hausse.

 

Dans ce procès, Hubert de Boüard réfute les dires de la journaliste et l’attaque sous couvert de l’utilisation parfois violente du vocabulaire comme « seigneur de Saint-Emilion » ou « petit Machiavel du vin ». Pour l’avocat du plaignant Maître Jean-Yves Dupeux « elle a écrit un livre, ce n’était déjà plus le métier de journaliste et ensuite elle a écrit un livre dans lequel elle porte des accusations qui me paraissent parfaitement injustifiées ».

 

De plus, l’avocat de De Boüard précise que la réalisation du classement se réalise de manière précautionneuse pour qu’il n’y ait pas de conflits d’intérêts : « On a nommé une commission avec des gens totalement extérieurs à Bordeaux, eux-mêmes tous extrêmement indépendants, présidée par un ancien haut fonctionnaire qui manifestait beaucoup d’éthique, et par conséquent c’est cette commission qui a raisonné sur le classement et qui a soumis ce classement à l’INAO puis au Ministère de l’Agriculture. »

 

Après 3 témoins entendus pour les deux camps et plus de 7 heures d’audience, l’avocat du plaintif a demandé pour son client 50 000 euros ainsi que 10 000 pour dédommager les frais de justice. Le tribunal correctionnel a mis l’affaire en délibéré, il rendra son jugement le 22 septembre prochain.


Via : Vitisphère & France 3

 

Mots-clés : procès Isabelle Saporta - vins Saint-Emillion - De Boüard classement

 

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