C'est un fait, les épisodes de canicule qui se suivent et se ressemblent ne font que confirmer le phénomène de réchauffement climatique. Si celui-ci a tendance à nous faire bien suer dans nos grandes villes et à nous réconcilier avec les étés passés en Normandie ou en Bretagne (on ne veut pas d'ennuis on cite les deux...), il est un secteur qui est quant à lui impacté bien plus péniblement, celui de la viticulture.
Photo Christophe Hamieau - 7 de Table.com
Aujourd'hui, au delà des dates de vendanges qui avancent inexorablement dans le calendrier, il est flagrant que certains vignobles voient leurs cépages de moins en moins adaptés aux réalités climatiques.
Vendanger plus tôt n'est pas très grave au final, en revanche vendanger avec un taux de sucre trop élevé, où une vigne qui aurait connu un stress hydrique trop important, peut influer très négativement sur la qualité de la future cuvée.
Le 6 septembre dernier, le Comité national des AOC viticoles a tenu séance pour faire le point sur des dossiers stratégiques quant à l’avenir de la filière. Comme le fait de pouvoir faire évoluer l’encépagement autorisé dans les appellations afin de répondre à cette évolution climatique, mais aussi aux exigences de la transition écologique, tout cela dans le respect des appellations.
Face à ces changements il est clair que les cahiers des charges d’appellation se doivent désormais de tolérer une évolution maîtrisée de l’encépagement. Elle devrait permettre au producteur de s'en sortir tout en garantissant un niveau de qualité au consommateur.
Ainsi il a été acquis que de nouveaux cépages pourront être intégrés dans les cahiers des charges dans le cadre d’une convention décennale entre l’INAO (Institut National de l'Origine et de la qualité), l’ODG (Organisme de Défense et de Gestion qui rédige les cahiers des charges) et chacun des viticulteurs concernés.
Reste qu'au delà de la qualité des vins il est indispensable de pouvoir respecter leur typicité. De fait il a été également décidé que le nouvel encépagement prévu sera limité à 5% de l’exploitation et ne pourra dépasser 10% dans l’assemblage des cuvées sur ces 10 ans.
L'ensemble de la filière va devoir travailler avec tout son savoir faire et ses connaissances en viticulture comme en œnologie pour sélectionner et autoriser les nouveaux cépages.
Pas de doute le métier de vigneron, celui d'œnologue également, sont amenés à faire face à de nouveaux défis. Ceux de bien travailler les bons cépages et de bien les vinifier.
On imagine mal en effet que nos rouges de Loire perdent leur bon fruit croquant et que les blancs oublient leur merveilleuse minéralité, que nos Bourgogne ne nous offrent plus leurs belles saveurs tout en finesse, que nos Champagnes ne nous enchantent plus de leur vivacité et de leurs jolies notes briochées...
C'est ainsi qu'il est indispensable de pouvoir gérer cet afflux exceptionnel de soleil et de chaleur afin de conserver l'élégance de nos cuvées qui a fait la renommée de nos régions viticoles.
Après tous les efforts effectués ces dernières années dans les vignes et au chai, il serait dommage de perdre les points de qualité difficilement gagnés. Et que ces incroyables vins du Rhône, du Languedoc, du Sud-Ouest où même de Bordeaux se trouvent transformés en vulgaires… jus de pruneau !
Mots-clés : vin vigne - aoc viticulture - changements climatiques