Plat du jour - Environnement

Si l'Ethiopie a évité le pire avec El Nino, l'agriculture nécessite encore un fort soutien

Ecrit par OB-Wan Sashimi le 16.08.2016

L’Éthiopie a échappé au pire, estime l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, alors que le passage de El Nino promettait des désastres. Cependant, il faudrait encore collecter 45 millions $ pour parer aux prochaines éventualités, et soutenir le développement de l’agriculture dans le pays. Le mois de septembre sera décisif, comme saison principale des semis. Mais pour cela, il faut que les aides arrivent, vite.

 

Sunset in Afar region, Ethiopia
Jean Rebiffé, CC BY 2.0



La révision semestrielle du Document sur les besoins humanitaires de l’Éthiopie (HRD), récemment publié et développé conjointement par le gouvernement d’Éthiopie, les agences onusiennes, les organisations non gouvernementales et les autres partenaires en développement indiquent que 900 000 ménages supplémentaires ont besoin d’une aide agricole de toute urgence, portant leur nombre total à 2,9 millions en août. Par ailleurs, 45 millions de dollars sont nécessaires pour répondre aux besoins supplémentaires du secteur agricole, portant donc à 91, 3 millions de dollars, le montant total nécessaire pour le secteur agricole en 2016.
 

Depuis le début de l’année, la situation de la sécurité alimentaire s’est légèrement améliorée dans son ensemble, avec une baisse du nombre de personnes nécessitant une aide alimentaire d’urgence — de 10,2 à 9,7 millions.
 

La sécheresse engendrée par le phénomène climatique El Niño a provoqué des mauvaises récoltes dans de nombreuses régions du pays et des pertes au sein du bétail dont l’importance est vitale pour les moyens d’existences des agriculteurs et des agropasteurs. La sécheresse a été suivie d’inondations saisonnières, qui ont causé de sérieux dégâts sur les cultures et inondé les pâturages. La situation pourrait d’ailleurs s’aggraver avec l’arrivée du phénomène La Niña, à partir du mois d’octobre.
 

« Si les inondations s’empirent, plus tard cette année, des épidémies de maladies liées aux cultures et au bétail pourraient resurgir, avec pour effet de réduire davantage la production agricole et de compliquer tout effort de relance » a déclaré Amadou Allahoury, représentant de la FAO en Éthiopie. « La situation est à présent critique. Nous devons nous assurer que les agriculteurs seront en mesure de semer entre maintenant et septembre et de produire assez pour nourrir leurs familles afin d’éviter à des millions de personnes de compter sur l’aide alimentaire pour une année supplémentaire. L’Éthiopie a besoin d’un soutien mondial de toute urgence afin de répondre à ses besoins humanitaires, nous n’avons pas le temps de tergiverser » a ajouté M. Allahoury.
 

La campagne du meher est la principale campagne agricole en Éthiopie et produit jusqu’à 85 pour cent des produits alimentaires du pays. Si les agriculteurs ne sèment pas suffisamment, l’Éthiopie pourrait se retrouver confrontée à de graves pénuries alimentaires, ce qui pourrait aggraver l’insécurité alimentaire et nutritionnelle dans le pays. Selon certaines estimations, pour garantir le bon déroulement de la dernière campagne de semis de l’année, près de 8,8 millions de dollars seraient nécessaires pour fournir à 530 000 foyers du matériel de semis pour les plantes racines, des légumineuses, des légumes, et des semences céréalières.
 

Selon la FAO, les ménages ayant perdu des petits ruminants tels que des moutons auront besoin d’au moins deux ans pour revenir à leur niveau d’avant la sécheresse, tandis que les ménages possédant du bétail auront, eux, besoin de près de quatre ans pour se rétablir. Les animaux ayant survécu à la récente sécheresse sont toujours faibles et vulnérables aux maladies en période pluvieuse ; 36,2 millions de dollars sont nécessaires afin de procéder aux interventions nécessaires et soutenir 2,4 millions de ménages dépendant de leur bétail (ou 12 millions de personnes).
 

Se préparer pour La Niña


Selon des rapports météorologiques, il y a 55 fois plus de chances de voir apparaître le phénomène La Niña d’octobre à novembre avec, notamment, deux impacts majeurs sur l’Éthiopie : des inondations dans les zones principalement montagneuses et une nouvelle sécheresse dans les zones de plaines d’Oromia et de Somali, par ailleurs dépendantes du bétail. La FAO soutient le gouvernement dans la préparation d’un plan d’urgence qui devra répondre aux besoins à venir.


Le plan de la FAO face à la crise


Avec les ressources reçues, la FAO a fourni des intrants agricoles à 127 000 ménages (635 000 personnes), dans les régions affectées par la sécheresse dont Amhara, Afar, Oromia, Tigray, Somali ou encore SNNP. Jusqu’à présent, près de 3700 tonnes métriques de semences et 5,8 millions boutures de patates ont été distribuées aux communautés affectées. D’autres légumes ainsi que des graines destinées à être semées en fin de saison sont en cours d’acquisition et seront distribuées entre août et septembre 2016.
 

La FAO a également apporté une aide essentielle aux familles possédant du bétail. L’Organisation a fourni de la nourriture pour le bétail, des semences fourragères pour renouveler le pâturage et a réparé les points d’eau pour le bétail. La FAO a apporté soutien au gouvernement pour vacciner et traiter quelques 1,4 million d’animaux. Néanmoins, suite aux récentes inondations, nombreux sont les animaux à avoir été affaiblis par la sécheresse et à se retrouver en situation de vulnérabilité face aux maladies. L’Organisation envisage d’élargir ses campagnes de vaccination et de traitement.
 

Afin d’augmenter la couverture des agriculteurs et des éleveurs de bétail affectés par la sécheresse et par les inondations actuelles, la FAO a besoin de 10 millions de dollars d’ici la fin du mois de septembre 2016.

 

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