Plat du jour - Environnement

Autoriser la destruction de 36 loups : Ségolène Royal donne-t-elle la chasse ?

Ecrit par Gary Nicolas le 13.06.2016

Le ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la mer consulte actuellement le public sur un projet d’arrêté fixant à 36 le nombre maximum de spécimens de loups (Canis lupus) qui pourront être détruits pour la période 2016-2017. La présence du loup est toujours sujette à des débats passionnés opposants éleveurs et défenseurs de l'animal. Précédemment, la ministre Ségolène Royal a déjà abaissé le niveau de protection de l’animal. Mais qui veut la peau du loup ?

 

Wildpark Neuhaus / Solling
Juergend2, CC BY ND 2.0
 


La consultation est publique, et l’on pourra en prendre connaissance à cette adresse. Ségolène Royal et Stéphane Le Foll (ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement), vise donc la destruction autorisée pour 2016-2017, « du nombre maximum de loups ». Ce sont ainsi 36 animaux, mâles, femelles, jeunes ou adultes, dont les ministères souhaitent autoriser la mort. Toutefois, le nombre maximum ne doit pas excéder 27 avant le 30 septembre 2016.

 

L’information sort bien entendu des multiples dénonciations lancées par les éleveurs. En mai dernier, on attribuait de nouveau aux loups une attaque contre un troupeau de brebis, à Chichilianne : cinq brebis avaient été retrouvées mortes. Les éleveurs parlaient alors d’urgence à agir, et le responsable du Plan Loup, pour les mairies de l’Isère, et maire de Chichilianne, Yann Souriau évoquait la sécurité de ses administrés. 

 

Quelques jours plus tard, les associations France Nature Environnement, Humanité & Biodiversité, WWF France et la Ligue pour la Protection des Oiseaux, dénonçaient la mauvaise gestion, de la part de l’État, de ce dossier. Elles ont d’ailleurs refusé de se rendre aux concertations menées par le Groupe National Loup. 

 

Le nombre d'animaux toujours inconnu en France
 

De son côté, l’Association pour la Protection des Animaux Sauvages, ASPAS, attaque la consultation fermement. L’organisme est « défavorable à ce projet d’arrêté qui ne permettra pas de faire baisser les dégâts attribués au loup. En l’absence de connaissance des effectifs actuels, il met en péril le bon état de conservation de cette espèce strictement protégée en France, en contradiction avec nos engagements internationaux ». 

 

Elle pointe également qu’entre juillet 2015 et juin 2016, 45 loups sont morts, dont 43 du fait de l’homme : 33 abattus légalement, 2 braconnés et 8 tués par collision routière. Les effectifs de loups en France sont encore faibles. Estimés à 301 au début de l’année 2014, ils n’étaient plus que 282 au début de l’année 2015. Comptant moins de 1000 individus « matures », l’espèce est considérée comme « vulnérable » (confrontée à un risque élevé d’extinction à l’état sauvage) sur la « Liste rouge des espèces menacées en France ».

 

Et d’ajouter qu’à cette heure, le « bon état de conservation » de l’espèce en France est encore loin d’être garanti. 

 

Par ailleurs, les effectifs de loups ne sont toujours pas connus précisément, de même que l’on ignore l’impact que cette mortalité non naturelle a eu sur cette population et sur les dommages attribués au loup. Le choix de tuer 36 créatures n’aurait donc aucun autre fondement « que d’être le même que l’année dernière, est donc établi sans aucune justification ni connaissance de l’impact que ces destructions vont avoir sur la population de loups. Les engagements européens et internationaux de la France lui imposent pourtant de garantir le maintien de la population dans un état de conservation favorable ».

 

Et de poursuivre : 

 

33 loups ont été légalement abattus la saison dernière. Il n’est pas établi que ces destructions ont permis de réduire les dommages attribués aux loups. Les données des années précédentes montrent l’inefficacité totale de ces prélèvements. Le ministère affiche plus encore ici sa volonté de « gérer » le problème du loup par plus de destructions et non par l’amélioration des moyens de protection. Les éleveurs, qui sont indemnisés de leurs pertes même s’ils ne protègent pas leurs troupeaux, ne sont pas incités à mieux se protéger de cette contrainte environnementale naturelle qu’est la présence du loup.

 

Le recours à la destruction ne peut permettre une réelle cohabitation entre élevage et loup. Tant que les troupeaux seront accessibles, et sauf à éradiquer cette espèce strictement protégée, ces destructions n’empêcheront pas la survenance de dommages sur les troupeaux non ou mal protégés. L’effort devrait donc être porté sur la protection des élevages et non sur le nombre de loups à abattre ou l’amélioration des moyens mis en œuvre pour les détruire.

 

 

On pourra toujours apporter sa réflexion personnelle sur le sujet à cette adresse. Et dans le même temps, découvrir la vidéo de France 3 Limousin, racontant la naissance de trois louveteaux, nés dans le Parc des loups de Chabrières en Creuse. Deux nouveau-nés qui sont des artiques blancs et le troisième est un Mackenzie, une race arrivée voilà peu dans les lieux.

 


Naissance de loups

 

 

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