Plat du jour - Environnement

1er concours des miels de France : “L’abeille est un insecte qui dérange”

Ecrit par Fred Ricou le 25.01.2018

Toute la matinée du jeudi avait lieu le premier concours des miels de France dans les murs du Conseil économique, social et environnemental, à Paris, dans le très beau Palais d’Iena. Plus qu’un prix, ce premier concours est l’occasion de mettre en lumière les différents miels de France, mais également de la concurrence, des miels UE / non UE dont les provenances sont toujours très floues…  

 
 
Les miels sont un reflet des terroirs. Comme le vin, deux miels réalisés à 100 kilomètres de distance n’auront jamais le même goût. Tout est une question de fleurs, de sol, de climat, de saison, de la végétation. En France, nous consommons 40 000 tonnes de miel par an alors que nous n’en produisant que… 16 000. Dans les 24 000 restants, il y a d’excellents miels étrangers, mais aussi une immense quantité de miel dont le flou des provenances reste flagrant.
 
Aujourd’hui, ce concours, comme nous l’avoue Henri Clément, le secrétaire général et porte-parole de l’Union National de l’Apiculture Française aurait dû « être fait depuis longtemps ». Avec une production deux fois moins importante aujourd’hui qu’avant et une exportation toujours plus grandissante, c’était le bon moment pour le faire. Il y avait donc plus de 140 miels dans la sélection répartis en 21 sections en fonction de l’origine des fleurs, présentée par plus de 70 apiculteurs. L’immense jury composé d’apiculteurs, de spécialiste du goût, de chefs, de journalistes et de personnalités amatrices ont donc déterminés les meilleurs miels de leurs sections. Le jury était présidé par Dominique Loiseau, présidente de Bernard Loiseau SA, mais également vice-présidente de la chaîne Relais & Châteaux. Les médailles ont été remises à 30% des miels présentés, c’est dire le sérieux de la chose…
 
Si Dominique Loiseau a accepté cette lourde tâche, c’est surtout parce que : « c’est important de défendre ces bons produits de terroir. On ne peut pas dire qu’il y a un produit plus connoté que le miel. C’est une photographie d’une région » et ajoute : « Quand on voyage et que l’on voit du miel, très souvent on l’achète. Le miel c’est très culturel, c’est géographique. C’est une alchimie extraordinaire. » Dans son hôtel Relais & Château, Dominique Loiseau met avant son miel « maison » : « Nous avons les petits déjeuners à servir, et nous servons le miel de nos ruches. Les clients le découvrent ainsi et peuvent, par la suite, l’acheter à la boutique. Nous nous en servons aussi en pâtisserie, mais également avec des recettes de gibier. »  
 

Dominique Loiseau, présidente du jury 2018 - Photo 7 de Table
 
Suite au communiqué que nous avons fait passer il y a quelques jours, Henri Clément s’explique : « Dans le cadre de la directive « Miel 2002 » il y a une possibilité pour les états,  et cela ne nous convient pas, de mettre des étiquettes qui indique les miels d’assemblages, les miels intra et extraeuropéens, mais le consommateur ne sait pas d’où cela vient. En Italie ou en Grèce, ils ont optés pour une autre possibilité : obliger les conditionneurs d’indiquer les pays d’origine. C’est de la transparence ! Alors que 70 députés ont posé des questions au ministre des Finances, la réponse a été bottée en touche : « Faites une promotion des miels de France ! » Non, c’est complémentaire ! ».
 
Mais pourquoi ce dossier « miel » semble-t-il si compliqué à résoudre ? Aucune réponse franche n’est apportée, tout le monde semble marcher sur des œufs. Henri Clément a cependant son idée : « L’abeille est un insecte qui dérange aujourd’hui. C’est un grain de sable dans les rouages de l’agriculture intensive. Elle pose des questions essentielles : quel environnement ? Quelle alimentation avec la pollinisation ? Quel lien entre l’homme et la nature ? Nous sommes le petit grain de sable qui gène dans les rouages… Il y a de tels enjeux financiers avec les firmes, notamment sur les produits phytosanitaires. Les élus de terrains, les maires, les députés sont conscients qu’il faut prendre des dispositions et plus on monte dans la pyramide du pouvoir, plus c’est compliqué parce que les lobbies sont là et les décisions ne sont pas prises… »  
 
Sacré chantier que ce dossier, mais l’UNAF ne compte pas en rester là. Il est déjà prévu une deuxième édition de ce concours pour 2019, le chef Michel Bras devrait être le président du jury.
 

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