Plat du jour - Economie

L'argent du beurre coûte à l'Europe 500 millions d'euros

Ecrit par Le Comte De Monte-Cuisto le 20.07.2016

« Ah la vache ! », pourrait-on dire. Les pauvres bovins voient leur précieuse fabrication se dévaloriser de mois en mois. Les ruminants ruminent, jusque-là tout va bien. Mais leurs éleveurs, eux aussi, et ça commence à clocher. L’éleveur s’assure que le ruminant soit dans les conditions idéales pour produire son valeureux liquide, et pour sa peine être assuré d’en vivre décemment. Et c’est bien là le problème : le lait en question n’est plus assez rémunérateur, et vivre décemment devient délicat. La vache n’y est pour rien elle fait le job, lui non plus n’y est pour rien, il fait le job, ce sont les marchés et les grandes instances qui font un autre job... le leur.


Lait-triporteur - N°114
Sébastien Bertrand, CC BY 2.0

 

L’Europe avait mis en place en 1984 des quotas laitiers, difficiles gérer, quelque peu coûteux, mais qui avaient l’objectif simple et louable de maintenir un prix du lait assez élevé pour assurer la pérennité de la production en contrôlant son prix. Il tentait également d’en finir avec des excédents chroniques extrêmement onéreux – la basique et bien connue loi de l’offre et de la demande. Mais les pays du nord de l’Europe et de l’Angleterre, qui sont des producteurs de second rang face à l’Allemagne et la France notamment, se sentent les « vaches à lait » d’un tel système. 

 

Sous leur pression on décida de supprimer les quotas sur le lait (et le sucre) après 31 ans d’existence. Mais ne tapons pas gratuitement que sur les Britanniques, le lobby industriel avait lui aussi fait ce qu’il fallait pour s’assurer de meilleurs profits et a donc bien milité en faveur de la fin des quotas laitiers.

 

La fin des quotas laitiers est entrée en vigueur en avril 2015. Depuis, comme attendu, le prix du lait chute, puisqu’on produit plus que nécessaire. Il est passé d’environ 340 € les 1000 litres en mars de 2015 à 280 €/1000L en juillet 2016. Effectivement, qui encaisserait une baisse de revenus nets de quasi 20 % en un peu plus d’un an sans que ça ne pose des soucis de trésorerie ? Pas les éleveurs !

 

Pour être tout à fait juste, et ne pas taper toujours sur les mêmes, on doit aussi souligner que nombre d’éleveurs, anticipant la fin des quotas, puisqu’ils les voyaient simplement comme une limitation pour s’enrichir, « buvaient du petit lait » en augmentant considérablement la taille de leurs troupeaux quelques mois avant la levée des fameux quotas. Ce lait-là a « mal » tourné !

 
grève du lait
jyc1, CC BY2.0
 

Voilà pourquoi, il y a quelques jours la commission européenne décide de débloquer 500 millions € d’aides pour l’agriculture dont 150 millions iront directement aux producteurs de lait afin de les aider à surmonter les difficultés de trésorerie liées à une « réduction volontaire de production ». La seconde partie sera distribuée aux États afin qu’ils soutiennent leur filière laitière. C’est la troisième fois depuis la fin des quotas que l’Europe, mais la main à la poche pour sauver sa production laitière.

 

Bien entendu les syndicats de producteurs voient cette mesure comme extrêmement légère compte tenu du niveau de la crise. Il est vrai que si on considère l’ampleur de la surproduction actuelle, qui serait de 5 millions de tonnes et qu’on le multiplie par le prix du lait (280 €/1000 L) l’aide proposé semble assez loin du compte. 

 

On notera pour l’anecdote que l’Angleterre (toujours pays membre) recevra un petit chèque de 30 millions, qu’ils encaisseront probablement…


Le monde - rfi - web agri

 

Mots-clés : quotas laitiers - lait producteur - Europe agriculture

 

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