CC by SA 2.0 par Peter Burka
Depuis Grenoble, Van-Dat Cung et son équipe du Laboratoire des Sciences pour la conception, l’optimisation et la production (G-SCOP) travaillent actuellement dans le domaine des logiciels d’optimisation et d’aide à la décision destinés au monde agricole, un secteur dont les habitudes en la matière seraient en retard par rapport à l'industrie. « Nous avons plus spécifiquement travaillé avec deux associations de producteurs de fruits et légumes de l’Isère, rassemblant chacune une cinquantaine de producteurs », précise le chercheur.
« Il y a une vraie demande de produits de qualité de la part des parents d’élèves, mais sans la mise en place d’une véritable chaîne de distribution en circuit court – sans intermédiaire, ou avec un intermédiaire maximum, donc -, les producteurs locaux ont le plus grand mal à répondre à cette demande » a-t-il constaté. Aussi l'équipe a cherché à aider les paysans désireux de fournir les cantines scolaires et la restauration collective du département en produits frais du cru, tout en s'assurant que l'activité soit rémunératrice.
Pour optimiser l'organisation des circuits courts il a fallu mettre à plat toute la chaîne logistique : moyens et acteurs du transport des denrées, moyens et lieux de stockage. Ce faisant les chercheurs se sont rendus compte que tout n'était pas optimal. Selon Van-Dat Cung : « Il y a beaucoup de coûts cachés. Certains producteurs s’organisent entre eux pour récupérer les produits les uns chez les autres et choisissent qui livrera le client final en fonction de critères géographiques, notamment. Mais ils comptabilisent rarement ce temps de livraison dans leur structure de coûts. [...] A l’échelle de quelques dizaines de producteurs, il est parfois plus avantageux de sous-traiter à un professionnel du transport. »
Les recherches ont parfois souligné l'importance d'une plateforme de stockage et de redistribution, que peuvent mettre en place les associations de producteurs. Quand à ceux versant dans les fruits et légumes, et souhaitant fournir la restauration collective en circuit court en complément de leur activité via circuits longs, ils gagneraient à s’équiper d’une légumerie pour transformer en produits prêts à l’emploi les légumes frais. Car « les cantines n’ont souvent plus le savoir-faire ni le personnel pour travailler les produits bruts », selon Van-Dat Cung.
Outre les producteurs de fruits et légumes, les chercheurs entendent aussi optimiser les circuits à l'attention des fermes urbaines, péri-urbaines et autres rooftop farms (fermes sur les toits) actuellement en vogue. Un logiciel est en cours de développement, qui pourrait être commercialisé à l’issue de la thèse de Nicolas Brulard, jeune chercheur en charge du projet.
(via Journal du CNRS)
Mots-clés : agriculture - circuits courts - logiciels informatique
