Plat du jour - Ailleurs

La FAO et le mouvement Slow Food font rencontrer productrices syriennes et agriculteurs italiens

Ecrit par Don Quichotte de La Plancha le 04.09.2019

La FAO, très impliquée également dans les pays en crise, s'est associé avec le mouvement italien Slow Food pour former des productrices syriennes à l'élaboration de produits bio et locaux. Elles entrent donc dans le programme du mouvement et intègrent de cette manière le réseau mondial. 
 

 

Le mouvement Slow Food et l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) ont organisé une tournée d'étude dans la semaine du 27 août dans le nord-ouest de l'Italie avec un groupe d'agricultrices syriennes.

 

Les deux organisations ont uni leurs forces afin d'améliorer les techniques des petites productrices syriennes dans le but d'aider les communautés affectées par les crises à reconstituer ou à stimuler leurs moyens d'existence et à relancer le secteur agricole du pays.

 

Sept Syriennes se sont rendues donc dans le Piémont et en Ligurie pour apprendre au contact des communautés agricoles de la région qui produisent et font la promotion de leur nourriture artisanale, locale et bio, caractérisée par une certaine qualité et par le respect des traditions.

 

Elles ont appris tout ce qu'il y a à savoir sur les différents aspects de la production, du marketing et des chaînes de valeur des produits - dont les produits laitiers, le miel, l'huile, les céréales, le pain et les légumes - et transmettront ce savoir aux autres agricultrices de leurs communautés à leur retour. Il a été également question de les intégrer au réseau d'agriculteurs de Slow Foodde manière à ce qu'elles puissent continuer d'apprendre et de partager leurs connaissances et leurs expériences.

 

Ces femmes syriennes viennent des gouvernorats d'Homs, d'Hama, de Lattakia, de Tartous, d'Alep, de Sweida et d'Al Qunatra et chacune d'entre elles cultive un type d'aliment local - soit un produit pour chaque village - que ce soit les figues sèches ou encore le miel.

 

Elles possèdent une petite parcelle de terre (moins d'un hectare) et cultivent de la nourriture pour leur consommation familiale et/ou pratiquent différentes activités agricoles telles que la fabrication de confitures, de cornichons, de pâte de tomates, de fromage et d'autres produits alimentaires afin de soutenir leurs familles.

 

« Nous sommes flattés d'accompagner ces agricultrices syriennes tout au long de la visite de nos producteurs et de Presidia » a déclaré Mme Nazarena Lanza, Coordinatrice de secteur pour Slow Food.

 

Les projets Presidia de Slow Food aident les producteurs alimentaires artisanaux du monde entier à protéger leur patrimoine alimentaire et agricole.Les agricultrices syriennes rencontreront des agriculteurs issus des six projets de Presidia et qui produisent notamment : du beurre de la Vallee Elvo, de l’huile d’olive extra vierge, du miel de montagne, du fromage Robiola de Roccaverano, de l’agneau Sambucano et de l’ail Vessalico.

 

« Nous souhaiterions nous appuyer sur ce partenariat et organiser d'autres ateliers afin d'améliorer la production des aliments dans les zones semi-arides en ayant recours à des pratiques agro-écologiques. Plusieurs années de conflits, de changement climatique et des décennies de monocultures ont conduit à un important déclin de la biodiversité et à la perte de l'expertise nécessaire pour parvenir à une agriculture durable » a ajouté Mme Lanza.

 

 « Nous espérons que cette étude aidera les agricultrices syriennes à apprendre à la fois des méthodes entrepreneuriales et des techniques afin de transformer progressivement leurs produits faits-maison en produits artisanaux, ce qui devrait pouvoir également permettre de les vendre sur de plus grands marchés » a déclaré Mme Patrizia Epifania, Chargée de programme pour la FAO en Syrie qui accompagne ces femmes lors de leur tournée.

 

 « Cette initiative fait partie des efforts de la FAO visant à stimuler l'agriculture du pays et à améliorer la sécurité alimentaire d'une population qui a beaucoup souffert et est déterminée à se rétablir » a déclaré M. Mike Robson, représentant de la FAO en Syrie.

 

Huit ans de crise ont fortement compromis l'agriculture syrienne et ont entraîné un déséquilibre de la main d'œuvre. Dans de nombreux cas, les femmes sont devenues le seul soutien de leur famille et se sont tournées vers l'agriculture, représentant souvent l'unique moyen de gagner un revenu et de subvenir aux besoins de leurs familles.

 

Avant le conflit, l'agriculture était un secteur largement dominé par les hommes, ce qui signifie que les femmes sont maintenant confrontées à plusieurs défis. Elles manquent souvent de connaissances sur les besoins du marché, ont des techniques agricoles et une expérience limitées lorsqu'il s'agit de produire et de commercialiser leur nourriture et jouissent d'un accès restreint aux informations relatives aux financements et aux opportunités de formation.

« Nous utilisons un équipement primitif que nous possédons depuis notre jeune âge. Nous souhaitons développer notre commerce en utilisant un équipement moderne pour emballer et en savoir plus sur les exigences en matière d'humidité et d'acidité de manière à ce que nos produits puissent répondre aux normes mondiales. Nos figues ont une forte valeur nutritionnelle et sont 100 pour cent naturelles et arrosées à l'eau de pluie » a déclaré Afaf Jafaar. Mère de cinq enfants, Afaf vit à Hama et cultive des figues sèches, le seul fruit disponible dans son village et est l'une des syriennes participant à la tournée d'étude en Italie.

 

Aicha Dalati, une apicultrice vivant à Alep a dû fuir la ville en raison du conflit. Elle y a perdu tous ses ruchers et a dû recommencer sa vie et se retrouver un moyen d'existence dans un village voisin. Elle fait également partie de la tournée et a indiqué que jusqu'à présent, elle se limitait à vendre son miel au niveau local.

 

« Le transport représente un défi ainsi que le fait de ne pas avoir de profits immédiats puisque je reçois les paiements en tranches. Si je pouvais vendre mes produits de manière plus régulière, ce serait beaucoup mieux », a témoigné Aicha. « Je veux apprendre des agriculteurs italiens et voir comment je peux développer mon commerce » a-t-elle ajouté.

 

Mots-clés : slow food - FAO - productrices syriennes

 

Retour en haut

https://7detable.com/article/ailleurs/la-fao-et-le-mouvement-slow-food-font-rencontrer-productrices-syriennes-et-agriculteurs-italiens/2676