Mickaël Rouvière et Marine Sophie Gimaret, ingénieurs agronomes dont les histoires de bourlingue sont publiées dans la revue We Demain, sont partis six mois outre-Atlantique dans l’optique de « découvrir les initiatives en agriculture qui assureront l’alimentation de demain ». Ils partagent notamment le récit d’une ONG bolivienne ayant milité afin que le droit à l’alimentation et la souveraineté alimentaire ne soient plus seulement inscrits à la constitution de l’État de Bolivie, mais pour qu’ils soient également une réalité tangible en leur pays.
La Paz, vue depuis le Huerto Organico Lak'a Uta - Crédits : Mickaël Rouvière
Entre l’inscription à la constitution et la mise en pratique, il y aurait encore de la marge en Bolivie. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), en 2012 un quart de la population du pays souffrait de sous-alimentation tandis qu’un tiers des enfants de moins de 5 ans présentait des retards de croissance pour cause de malnutrition. L’inflation des produits alimentaires, à raison d’une augmentation de 100 % entre 2006 et 2011, aurait vu la vulnérabilité des plus modestes s’accroître. Si bien que le budget dédié à l’alimentation pourrait représenter jusqu’à 80 % de leurs revenus.
Toujours selon la même source La Paz, capitale bolivienne, produirait 30 % seulement de sa demande alimentaire malgré la diversification des bassins de production agricole qui compose le paysage local. Organisation à but non lucratif, la fondation Alternativas s’est alors engagée dans l’optique de rendre à la souveraineté alimentaire sa place au centre des préoccupations politiques du moment.
À l’issue d’un « combat de longue date », les militants auraient contribué à la promulgation de la « première loi bolivienne globale sur l’alimentation votée par une municipalité : elle intègre la production durable des aliments, le développement de nouveaux modes d’approvisionnement, de distribution et de commercialisation (renforcement des circuits conventionnels et rapprochement des producteurs et des consommateurs) ainsi qu’un programme éducatif pour une alimentation saine ». Sans faire l’impasse sur l’agriculture urbaine et périurbaine : les espaces verts sous-utilisés étant valorisés par l’agriculture.
La concrétisation sur le terrain a pris la forme d’un premier jardin communautaire organique, le Huerto Organico Lak'a Uta, basé à plus de 3600 mètres sur les hauteurs de La Paz. Agriculture urbaine, éducation et sécurité alimentaire sont au centre des attentions dans un parc auparavant laissé à l’abandon. Désormais quelque 40 familles majoritairement originaires du quartier y cultiveraient leur parcelle. L’initiative leur permettrait non seulement de réduire leur budget alimentaire, mais leur offrirait également un lieu d’évasion, la garantie d’une alimentation saine ainsi qu’un certain sentiment d’appartenance communautaire.
Au rang des nouveaux projets sont cités l’aquaponie* avec des truites ou la plantation d’arbres fruitiers sur parcelles communes, tandis qu’une partie de l’agenda hebdomadaire est consacrée à l’expérimentation de nouvelles cultures ainsi qu’à l’accueil des écoliers, grâce à la présence de 2 ingénieurs agronomes.
D’autres villes boliviennes emboîteront certainement le pas de cette initiative, comme Tarija ou Sucre où des réflexions seraient déjà en cours.
(via We Demain)
*L'aquaponie est une forme d'aquaculture intégrée qui associe une culture de végétaux en « symbiose » avec l'élevage de poissons. (Wikipedia)
Mots-clés : Bolivie loi ong - sûreté alimentaire - action citoyenne