Plat du jour - Société

Une critique culinaire qui manque peut-être d'objectivité

Ecrit par François Jardin le 21.04.2017

Quand le magazine anglais The Guardian démonte littéralement un 3 étoiles français à travers un article, ça nous touche dans notre ego. C’est plus précisément un critique culinaire anglais Jay Rayner, qui a écrit un papier à charge après avoir mangé au restaurant 3 étoiles de l’hôtel George V.
 

Transparent de Campari orange et gingembre, création signée Christian Le Squer, LeCinq
 

L’article descend sans aucune pitié l’établissement dont les cuisines sont tenues par Christian Le Squer, qui s’est vu décerner le prix de chef de l’année 2016 par le magazine Le Chef et plus de 6 000 confrères. Il est vrai que l’on peut être étonné des commentaires de Jay Rayner qui qualifiait son déjeuner comme la « pire expérience subie au cours de ses dix-huit ans de carrière ». 

Cette critique reste cependant à prendre avec des pincettes. Difficile de croire en effet que la décoration et la cuisine d’un restaurant, qui fait bien souvent l’unanimité et qui obtient la note de 19 sur 20 au Gault&Millau, soit si médiocre. En prenant un peu de distance, le papier pourrait s’apparenter à une énorme blague. Le critique culinaire s’amuse à comparer ce qui l’entoure et ce qu’il retrouve dans son assiette à des choses assez invraisemblables. Lorsqu’il parle d’une sphère réalisée grâce à de la cuisine moléculaire, il la qualifie « d’implant mammaire en silicone taille Barbie », semblable en bouche à « un préservatif qu’on aurait laissé traîner chez un primeur poussiéreux » ou encore la soupe d’oignon, qui a tant fait l’unanimité auprès des professionnels, que le critique qualifie de « majoritairement noire, comme les cauchemars, et collante, comme le sol aux fêtes des adolescents ».
 

la soupe gratinée à l'oignon de Chef Christian Le Squer, Le Cinq


Et ce ne sont que quelques-unes des nombreuses comparaisons toutes plus improbables les unes que les autres. C’est peut-être pour cette raison que le chef et la direction de l’établissement ont eu du mal à répondre à l'article, la crédibilité du papier semble légèrement biaisée. Christian Le Squer a tout de même livré ses réactions ce mercredi au magazine 20minutes. Voici un passage qui éclaire parfaitement l'état d'esprit du chef : "j’ai dû le relire plusieurs fois avant de comprendre exactement de quoi il retournait. Qu’on n’aime pas ma cuisine, je le conçois aisément : c’est comme la haute couture, certaines cuisines ne conviennent pas à certaines personnes. Mais les mots qu’il a employés sont particulièrement violents et irrespectueux. Il traite la nourriture vulgairement."

Pour ceux qui parlent ou comprennent l'anglais et qui ont un peu de second degré, voilà l'article de Jay Rayner en question :

https://www.theguardian.com/lifeandstyle/2017/apr/09/le-cinq-paris-restaurant-review-jay-rayner

Source: Le monde, 20minutes

 

Mots-clés : George V - The Guardian Jay Rayner - Christian Le Squer

 

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https://7detable.com/article/societe/une-critique-culinaire-qui-manque-peut-etre-d-objectivite/1627