Avec l'été qui approche à grand pas, c'est le retour des résolutions post-excès hivernaux et cette fois, c'est la bonne, on va se débarasser de nos complexes en trop. En plus le régime cétogène fait beaucoup parler de lui, réputé d'abord pour ses bienfaits médicaux, et aujourd'hui suivi de près puisqu'il garantit une perte de poids fulgurante... tout en mangeant gras !
Régime kéto, kétoquoi ? Le régime cétogène (encore un nom barbare !), a conquis, depuis une dizaine d'années, sportifs et public féminin. Il consiste en une répartition inhabituelle des macronutriments, qui rend quasi-inexistant les glucides (5% contre 40% pour une alimentation traditionnelle) et célèbre abondamment les lipides, à raison de 60 à 75% contre 20-30% en temps normal. Les protéines occupent les 20% restants. Pour la petite histoire, c'est dans les années 1910 que le docteur français, Guillaume Gelpa, mène plusieurs expériences fondées sur un jeûne prolongé pour obsever les effets de celui-ci sur des patients souffrants de maladies dégénératives et notamment le diabète. Les résultats sont encourageants mais lors de la reprise d'une alimentation classique, la dégradation de l'organisme se poursuit. Une dizaine d'années plus tard, l'américain Russell Wilder, docteur à la Mayo Clinic dans le Minnesota (mayo-mayonnaise, c'est « healthy » tout ça !), reprend les études précédentes et constate que le jeûne est à l'origine d'un état de cétose, responsable de la création de corps cétoniques, issu d'un épuisement des réserves glucidiques. Expérimentée sur des patients épileptiques, la méthode semble contrer les crises.
L'état de cétose, qui est celui recherché, est un état permis par l'intermédiaire d'une alimentation riche en acides gras. L'acide bêta-hydroxybutyrate, corps cétonique le plus important de l'organisme, est alors mobilisé et convertit en énergie par le cerveau, le coeur et les muscles, en réponse à un manque cruel de glucose, source initialement primaire d'énergie solicitée. En effet, les glucides, au même titre que les protéines, ne sont pas essentiels à l'organisme, capable de créer une alternative remplissant la même fonction. Ce n'est cependant pas le cas des lipides, qui veillent à l'équilibre du système hormonal.
D'abord très célèbre, la diète cétogène connaît un déclin decrescendo après la Seconde Guerre Mondiale, grâce aux avancées de la médecine qui mettent à jour des traitements médicaux, efficaces et moins contraignants que la restriction alimentaire qu'implique le dit régime. Cependant, ce dernier refait surface, lorsque l'accent est mis sur sa capacité à générer une perte de poids rapide et importante. Il contraint en effet, l'organisme à puiser dans ses réserves de glycogène, lui-même étroitement lié à l'eau stockée dans les tissus adipeux. En ce sens, la perte de poids n'est d'abord que le résultat d'une perte d'eau. Mais le régime cétogène, par définition, se place du côté de la privation en arborant une liste interminable d'aliments interdits et la suppression totale des glucides, parmi lesquels, les féculents, les céréales, les légumineuses, le sucre, les fruits et même certains légumes tels que la carotte ou la betterave. C'est là toute la controverse qui pèse sur le régime, et que les dernières publications de l'INSREM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale) confirment.
Initialement adressée à des individus souffrant de maladies cardiovasculaires, neurodénégratives ou atteints de diabète, la diète cétogène peut nuire aux individus en bonne santé, en développant chez eux, des pathologies ou des troubles du comportement alimentaire, notamment lorsque la méthode drastique, n'est ni maîtrisée ni conseillée par un spécialiste en nutrition. Par ailleurs, le bouleversement de la pyramide alimentaire, pour atteindre l'état de cétose engendre des effets secondaires regroupés sous le nom de « grippe cétogène » et incluant fatigue extrême, nausées, troubles digestifs, déshydratation voire problèmes de reins si la phase transitoire perdure. Comme tout régime extrême, il induit également monotonie, privation et manque de lien social ; un cocktail intenable à long terme. De nouveau, l'INSREM met l'accent sur les résultats contradictoires et peu fiables des études menées en faveur de la diète « kéto », et déconseille ce type de méthode qui assure un effet « yo-yo »non désirable et préjudiciable.
La diète cétogène aura tout de même eu le mérite de rendre ses lettres de noblesse aux acides gras et donc à certains aliments riches en omégas-3, tels que l'avocat, les poissons gras, les oléagineux et les huiles, jusque-là diabolisés à tort. Chez 7de table, l'avis est partagé, mais une chose est sûre, nous préférons manger de tout, avec équilibre et modération !
Mots-clés : régime cétogène - traitement médical perte poids - alimentation restriction