Les éditeurs du Guide Rouge, Michelin, n’en ont jamais douté : savourer de bons plats fait partie de ces attraits qui poussent les gens à tailler la route. Si l’idée initiale était probablement de faire crisser des pneus, en incitant aux quêtes de dépaysement culinaire, en nos esprits la publication aura surtout contribué à faire et défaire les noms de la cuisine par la critique. Pour autant, la gastronomie est-elle moins dangereuse que l’asphalte ? Pointant l’accélérateur de renommée que sont ses étoiles, certains incidents ont parfois fait jaser.
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Maurice Edmond Sailland, dit Curnonsky, fut dans l’entre-deux-guerres un célèbre gastronome et chroniqueur, à l’appétit légendaire, ayant eu sa part d’influence dans la naissance du plus célèbre des guides gastronomiques. Auteurs de livres sur la cuisine française et les voyages, la légende veut qu’il soit décédé « d’ennui mortel », étant tombé de son balcon à l’âge de 84 ans, à Paris, alors qu’il s’était résigné à un régime amaigrissant.
Le 25 février 2003, c’est Bernard Loiseau « le seul cuisinier au monde à être coté en bourse » selon ses propres termes, de l’hôtel restaurant La Côte d’Or basé à Saulieu, qui s’est suicidé à l’âge de 52 ans. Des rumeurs relayées par L’Express, mais cependant démenties par la famille du défunt, ont suspecté que l’homme n’aurait pas supporté avoir été menacé par Michelin de se faire ôter une étoile à son compteur. Le 3 décembre de la même année, le chef Pierre Jaubert, propriétaire de l’Hôtel de Bordeaux, à Pons, deux étoiles au guide Michelin 2003, s’est donné la mort à son tour.
Ce 31 janvier 2016, à Crissier non loin de Lausanne, le grand chef franco-suisse Benoît Violier, auquel un certain Frédy Girardet aura accordé une belle mention 3 étoiles il y a une vingtaine d’années, s’est lui aussi suicidé à l’arme à feu. L’une des hypothèses voudrait encore que le passionné de chasse ait craqué sous la pression, trop stressé à l’idée de maintenir le statut de son restaurant, avec tout ce que cela impliquait comme investissements.
D’autres anecdotes historiques ont parfois donné à la gastronomie des allures dramatiques. Notamment celle à propos du grand organisateur de festins François Vatel, alors employé du prince de Condé, qui le 24 avril 1671 se serait lui-même poignardé à cause d’une livraison de poisson en retard, se sentant humilié tandis qu’il avait à cœur de régaler Louis XIV au château de Chantilly. Ainsi, les mauvaises critiques pourraient être fatales ?
(via The Independent)
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