Pousse-café - Roman

L'homme, viandard sans scrupule, égorgeant "l'innocente brebis"

Ecrit par Mathieu Oudot le 24.02.2016

En 1889, Alphone de Lamartine – Alfie, pour les intimes – publie La chute d’un ange, un ouvrage qui se fait relativement écarteler par la critique. Qu’à cela ne tienne, une seconde édition interviendra malgré tout, quelques années plus tard. « La publication de la première édition de cet épisode a donné lieu à de sévères critiques, critiques de fond, critiques de forme. Les uns ont dit : “C’est un mauvais poème ;” les autres ont dit : “C’est un mauvais livre.” Aux premiers je n’ai rien à répondre. L’artiste, quel qu’il soit, ne doit jamais contester avec le sentiment public », ripostera l’auteur. 

 

Meat lover
Marius Boatca, CC BY SA 2.0

 

Qu’importe, les bons propos sont éternels, et voici que le poète s’emporte contre les viandards et autres acharnés de la carne. Un plaidoyer que l’on peut retrouver en intégralité à cette adresse. Et un petit extrait, à consommer bien cuit – ou saignant, malgré tout...
 

 

« Or, ces hommes, enfants ! pour apaiser leur faim,
N’ont pas assez des fruits que Dieu mit sous leur main ;
Leur foule insatiable en un soleil dévore
Plus qu’en mille soleils les champs n’en font éclore ;
En vain comme des flots l’horizon écumant
Roule perte de vue en ondes de froment  :
Par un crime envers Dieu dont frémit la nature,
Ils demandent au sang une autre nourriture ;
Dans leur cité fangeuse il coule par ruisseaux !
Les cadavres y sont étalés en monceaux.
Ils trainent par les pieds, des fleurs de la prairie,
L’innocente brebis que leur main a nourrie,
Et, sous l’oeil de l’agneau l’égorgeant sans remord,
Ils savourent ses chairs et vivent de la mort !
Aussi le sang tout chaud dont ruisselle leur bouche
Leur rend le goût brutal et le regard farouche.
De cruels aliments incessamment repus,
Toute pitié s’efface en leurs cœurs corrompus,
Et leur oeil, qu’au forfait le forfait habitue,
Aime le sang qui coule et l’innocent qu’on tue.
Ils aiguisent le fer en pique, en glaive, en dard ;
Du métier de tuer ils ont fait le grand art  :
Le meurtre par milliers s’appelle une victoire ;
C’est en lettres de sang que l’on écrit la gloire  :
Les géants n’ont qu’un but, tuer pour asservir !
Le peuple les abhorre, et meurt pour les servir.
Ils poussent aux combats, sans colère et sans haines,
Des bandes de vautours et des meutes humaines,
Qui vont s’entr’égorger au signal de leurs yeux
Pour savoir quel tyran les écrase le mieux !.

 

Mots-clés : Alphonse Lamartine - viande rouge - innocente brebis

 

Pour approfondir

Editeur : Gallimard
Genre : poésie
Total pages :
ISBN : 9782070322008


Meditations Poetiques / Nouvelles Meditations Poetiques / Poesi

de Alphonse de Lamartine (Auteur)

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