Critiques - Pour apprendre

L'absinthe : pas si nocive qu'il n'y paraît

Ecrit par Villain Juliette le 22.06.2016

L’absinthe rend fou ? FAUX. Longtemps considérée comme une boisson à problème à cause de la thuyone, une molécule contenue dans la fleur d’absinthe, la Fée verte est en réalité aussi nocive et dangereuse qu’un autre alcool fort. Depuis 2011, elle peut de nouveau être commercialisée et consommée en France. À consommer, bien sûr, avec modération !

 

 

 
Dépôt légal Bibliothèque nationale de France,
Département des Estampes et de la photographie, Eo 88 petit folio, tome 2.

L'alcool d'absinthe est réalisé à partir d'une plante médicinale du même nom. Aujourd’hui, elle fait l’objet de nombreuses idées reçues notamment du fait que la consommation de cette boisson rendrait fou. Or, il s’agit d’une information fausse. À la fin du XVIIIème siècle, l’absinthe, aussi appelée la Fée verte, était l’alcool de prédilection lors des apéritifs. Elle était également utilisée comme remède médical de façon préventive ou pour soulager les maladies. A priori, rien qui attesterait que l’absinthe rend fou !
 
Elle est ensuite devenue un alcool très populaire au cours du XIXème siècle. La demande devient de plus en plus forte à cette période au point qu’elle devient le symbole de l’alcoolisme puis elle aurait été considérée comme un des facteurs principaux de la criminalité, de la tuberculose, de la violence et de l’infertilité. Alfred de Musset, dans son poème Ôde à l'Absinthe, fait l’éloge de cette boisson :
« Belle comme la mer, comme ses flots cruels,
Tu peux quand tu le veux aussi, cacher comme elle,
Sous un calme apparent tes instincts irrités,
Et ton flux fait tourner un océan de têtes,
Qui battent en riant, les soirs des jours de fêtes,
Les portes des cités. »
 
C’est alors que des ligues antialcooliques ainsi que le lobby viticole – dont la popularité de l’absinthe diminuait considérablement la demande de vin –  demandent la suppression de la commercialisation de l’absinthe. De plus sa consommation est associée à l'univers artistique du XIXe siècle, ces poètes, peintres et écrivains qui mettent en avant les travers de la société en abandonnant le classicisme au profit du réalisme citent cette boisson verte jusqu'à en faire l'apologie. La classe populaire en fait peu à peu sa favorite, et dans le même temps se rebelle contre ses conditions de vie. Tout es mis sur le dos du breuvage maudit, c'est ainsi qu'en 1914, la Fée verte est alors interdite en France.
 
Avant la guerre, la production explose et multiplie par cinquante en 30 ans les volumes fabriqués, la qualité de ce qui est proposé s'den recent fatalement, mais à ce moment la, un verre d'absinthe coutait moins cher qu'un verre de vin. L’interdiction de l’absinthe est justifiée par des études scientifiques réalisées à l’époque – considérées comme peu fiables aujourd’hui – qui démontrent que la thuyone, une molécule présente dans la plante, serait la cause de démence et de criminalité. Puis en 1988, un décret européen, réautorise la thuyone dans des produits alimentaires à condition qu’elle ne dépasse pas les 35mg/L. En revanche, commercialisation et consommation de l’absinthe sont toujours interdites en France.
 
Pierre Guy, un distillateur de père en fils, dans la ville de Pontarlier, explique les démarches qu’a effectué son père pour parvenir à sa recommercialisation : « C'est donc à partir de 1988 que mon père François Guy essaye de montrer aux autorités qu'on a interdit l'absinthe à cause de la thuyone... Et que si on peut la réguler dans d'autres produits, on peut aussi le faire avec l'absinthe. Il va se casser les dents sur Simone Weil, ministre de la Santé, qui ne veut pas relancer un produit en pleine désalcoolisation du pays. François Guy ne lâchera pas, et réussira à faire des analyses avec des absinthes suisses. La Suisse avait aussi interdit l'absinthe, mais on y trouvait toujours des absinthes clandestines. En 2001, on a réussi à autoriser à nouveau l'élaboration et la commercialisation de l'absinthe, en respectant ce plafond de 35mg/L de thuyone ». Il ajoute que dans les anciennes absinthes commercialisées telles que l’Armand Guy ou Pernod Fils, « on était plutôt entre 200 et 300 mg/L de thuyone, donc 10 fois plus que ce nouveau plafond ».

On notera que Jules Felix Pernod ayant succédé à son père à la tête de la plus grosse usine de production d'absinthe, réussi sa reconversion en créant le premier pastis sous la marque "Anis Pernod" dès 1918.
 
En 2001, la Fée verte ne pouvait être commercialisée que sous le nom de « spiritueux aux extraits de plante d’absinthe ». La dénomination absinthe ne sera réautorisée qu’au cours de l’année 2011.
 
L’absinthe ne serait donc pas plus dangereuse que les autres alcools forts. En revanche, l’abus d’alcool est nocif pour la santé.

Absinthe.com - LARVF

 

Mots-clés : Absinthe - Alcool - Fée verte

 

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