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Neuvième art, la table artistique lyonnaise de Christophe Roure

Ecrit par Lilian Auzas le 24.10.2018

Installés depuis 2014 dans le 6e arrondissement de Lyon, le Chef Christophe Roure et sa femme Nati faisaient alors un pari osé : quitter la campagne pour se faire une place dans la capitale de la gastronomie où l’art culinaire est élevé au rang de religion et où abondent les restaurants. Un sacré challenge. Oui, mais c’est réussi. Le Neuvième Art est un temple dédié aux fins gourmets.

 

Photo Lilian Auzas - 7 de Table.com
 

Le lieu est assez discret et la devanture plutôt sobre bien que nous soyons à quelques pas de l’ancienne gare des Brotteaux. Ce non-clinquant sera apprécié par des Lyonnais qui auront vite fait d’avoir une idée reçue eu égard au quartier. Le Neuvième Art, malgré ses deux étoiles prestigieuses et méritées au Guide Michelin, n’offre pas une ambiance guindée mais plutôt cosy et chaleureuse. Et ça fait du bien : la salle est un cocon reposant où le personnel s’active avec délicatesse pour vous rendre heureux. L’ambiance est zen, et en misant sur du mobilier naturel, c’est une invitation à l’éveil de nos sens.

 

Une fois confortablement installé, nous avons voulu nous ancrer dans la réalité. Nous avions déjà remarqué que le restaurant proposait un menu « déjeuner d’affaire » avec mises en bouche, plat et café gourmand pour 50 €. Certes, nous aurions pu profiter de l’occasion pour prendre un menu à plusieurs plats (de 90 à 240 €) mais nous ne trouvions pas la chose pertinente pour tester un tel restaurant. Puisque nous ne doutions pas de la qualité des mets proposés, il s’agissait plutôt de savoir si Le Neuvième Art pouvait répondre à une attente, une situation. La réponse est un grand oui ! Nous ne saurions trop conseiller d’y inviter clients ou partenaires pour des rendez-vous business. La gourmandise est bien évidemment au rendez-vous et l’on ne se sent pas lésé sur la quantité.

 

Christophe et Nati Roure tenaient auparavant un restaurant à Saint-Just-Saint-Rambert dans la Loire. Et cela se ressent dans une cuisine toute en délicatesse. Le couple privilégie les produits issus d’un circuit court (les Halles Paul Baucuse et la Fromagerie Mons à Lyon ou Fraîcheur Qualité à Saint-Priest en proche banlieue lyonnaise par exemple) afin de garantir une qualité certaine pour nos papilles. De fait, octroyons déjà une mention spéciale : le petit pain rond, à la mie vaporeuse et à la croûte parfaitement croquante, provient de la Boulangerie Sylvain Malatier, située elle aussi dans le 6e arrondissement. C’est un régal absolu, le partenaire idéal pour accompagner les plats.

 

Le déjeuner fut une délicieuse farandole de plaisirs gustatifs. Une sardine soufflée au paprika qui attend d’être appréciée avec une crème tandoori à la pomme ainsi qu’un œuf de caille mollet pané au pain de mie ouvrent le bal. La présentation est ravissante : des petits galets noirs accueillent le poisson transcendé, et petites plumes et épines de sapins forment un nid délicat pour le parfait œuf de caille. Avec ces deux entrées, on oscille à travers les éléments. On est délicatement frappé par des touches d’acidité ou de rondeurs. Les herbes et les épices sont subtilement associées. Et on se dit que l’ouverture des festivités est la promesse d’un savoureux voyage.
 

Le plat de résistance fut un formidable ragoût de coquillages et girolles parfumé à la citronnelle et gingembre frais rehaussé d’une sauce hollandaise au siphon… Tout un programme. Ce n’est pas seulement une association terre-mer, c’est une balade en forêt, une promenade sur la plage. Il y a l’humus. Il y a les embruns. On ferme les yeux et le palais fait le reste. L’alliance des coques, huîtres, couteaux, moules avec des champignons tels que les girolles et la truffe râpée surmontée de fines herbes vous fera flotter entre deux mondes. C’est un laisser-passer précieux et gourmand qui rallie différentes textures : vous serez littéralement sur un nuage.

 

Avant de parler du dessert, nous voulons rendre hommage aux deux verres de vin blanc qui nous ont ravis dans cette quête gustative : un Condrieu (Christophe Pichon) qui frôlait l’élixir et un Saint Peray (Jean-Luc Colombo) avec un peu plus de caractère entre notes florales et douce amertume.

 

Malheureusement, notre voyage a dû se terminer. Mais quel final ! Avec un somptueux café gourmand qui laisse le choix de la provenance du nectar. Nous avons opté pour un Kilimandjaro et la chaleur de la Tanzanie afin de parfaire notre horizon des saveurs. Une pana cotta au mojito, une petite glace et un spéculoos maison à la cannelle un peu trop friable (ce qui sera le seul minuscule bémol de ce déjeuner) achève la composition de votre repas avec des notes rondes et sucrées. C’est un régal de A à Z.

 

La fin, déjà ? Et non, puisqu’il faudra absolument goûter au panettone maison du chef avec ses éclats de citrons confits. On ne se remet pas d’une telle onctuosité en bouche. Le cœur d’un moelleux absolu s’offre à vous après une croûte croustillante à souhait avec ses éclats de sucre.

 

Le Neuvième Art, on l’aura compris, est plus qu’une table gastronomique. Il est une invitation à découvrir des émotions dans une ambiance chaleureuse et conviviale. Et il y a beaucoup de générosité, ce qui n’est pas toujours le cas pour un étoilé. En quittant les lieux, le ventre repu et les yeux brillants, nous imaginions déjà sous quel prétexte revenir. Pour un dîner en amoureux, sans aucun doute !

 

 

Le Neuvième Art

173, rue Cuvier

69006 Lyon

 

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