Pousse-café - Roman

Le pressoir de Théodore de Banville, une véritable machine de guerre

Ecrit par Petit Louis le 06.07.2016

Le vin est comme un poème : c’est en assemblant les techniques (cépages, récoltes, vinification) comme en assemblant les strophes et en rimant les alexandrins que l’on obtient le Graal : de la douceur et de la pureté dans les mots autant que dans son verre ! Théodore de Banville est un poète français, surnommé « le poète du bonheur ». Il est considéré de son vivant comme l’un des plus brillants poètes de son époque.



fdctsevilla, CC BY 2.0



Dans son poème « le pressoir », l’auteur Théodore de Banville défend la cause des raisins. Il décrit le pressoir comme véritable machine de guerre contre ce pauvre fruit rouge. C’est un poème puissant. L’auteur donne une dimension violente et âpre à ses écrits par une métaphore de la vigne, du raisin et du vin, avec le sang symbole de vie et de mort, de crime, de guerre, de rédemption. Ce poème se veut singulier, car il prend le contrepied de l’image habituelle du vin qui se veut davantage enivrante et joyeuse.

 

Il ne faudrait pas avoir fait subir à ce pauvre raisin toutes ces douleurs pour rien… alors, dégustons !

 

 

Sans doute elles vivaient, ces grappes mutilées

Qu’une aveugle machine a sans pitié foulées !

Ne souffraient-elles pas lorsque le dur pressoir

A déchiré leur chair du matin jusqu’au soir,

Et lorsque de leur sein, meurtri de flétrissures,

Leur pauvre âme a coulé par ces mille blessures ?

Les ceps luxuriants et le raisin vermeil

Des coteaux, ces beaux fruits que baisait le soleil,

Sur le sol à présent gisent, cadavre infâme

D’où se sont retirés le sourire et la flamme !

Sainte vigne, qu’importe ! à la clarté des cieux

Nous nous enivrerons de ton sang précieux !

Que le cœur du poète et la grappe qu’on souille

Ne soient plus qu’une triste et honteuse dépouille,

Qu’importe, si pour tous, au bruit d’un chant divin,

Ruisselle éblouissant le flot sacré du vin !

 

                                                       Théodore De Banville, Les Cariatides (1842)

 

Mots-clés : Theodore de Banville - Poème littérature - Littérature

 

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