Plat du jour - Environnement

Le chalutage profond reste autorisé, les députés dans le filet des lobbyistes

Ecrit par Julien Helmlinger le 18.03.2016

Ce 17 mars, l’Assemblée nationale, avec 36 voix contre 17, a voté contre l’interdiction du chalutage en eau profonde, qui était pourtant prévue par l’article 56 du projet de loi Biodiversité porté par la ministre de l’Écologie. Alors que les dangers de cette méthode de pêche, pour l’écosystème, sont régulièrement dénoncés, les lobbyistes auraient noyé le poisson : entre déclarations catastrophistes et blocage de ports.
 


CC by 2.0 par NOAA Photo Library

 

Dans la sphère des militants écologistes, le vote de l’Assemblée a rapidement suscité les indignations. L’association Bloom, en campagne contre ce type de pêche depuis des années, a publié un communiqué dénonçant une décision « rétrograde », imputant ce coup d’arrêt à une action de lobbying, qui serait « liée à la présence extraordinaire d’élus des ports industriels de Boulogne-sur-Mer et Lorient ».

 

Alors que l’amendement visant à en finir avec le chalut profond avait d’abord été adopté en seconde lecture par les députés, il était cependant prévu qu’un décret vienne encore définir plus précisément cette pêche à interdire. Depuis, le lobby a entamé son bras de fer avec les écologistes. Le Comité régional des pêches de Bretagne s’est notamment soulevé contre cet amendement, en appelant au blocage symbolique des ports, pour lutter contre « la menace d’une interdiction totale du chalutage, soit la disparition de toute une filière économique ».

 

Députés et pêcheurs y ont été sensibles, semblant surtout craindre pour l’avenir à court terme de l’activité économique. « On ne peut pas porter ainsi atteinte à toute une filière et prendre une décision sur un dossier économique dans le cadre d’une loi biodiversité », a estimé Jean Piel, membre du comité des pêches de Bretagne. Certains députés, de droite comme de gauche, ont ainsi fanfaronné sur les réseaux au lendemain du « combat », arguant d’avoir « sauvé des emplois », ou encore soutenu « l’ensemble des acteurs de la pêche française ». 

 

Pourtant, selon l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) et plusieurs associations, ce chalutage profond ne concernerait que peu de bateaux et l’impact économique de cette interdiction aurait donc été faible. Comme quoi, il aurait mieux valu définir tout de suite la pêche incriminée...

 

Une technique destructrice, sans gains significatifs

 

Des militants, mais aussi des scientifiques, cherchent depuis des années à sensibiliser la population quant aux risques pour l’écosystème liés à ce chalutage profond, souvent décrit comme une technique destructrice. Du côté de l’université de Glasgow aurait ainsi été démontré l’an dernier que, plus la pêche est profonde, plus elle cause de dégâts, sans gains économiques significatifs. Ce qui a conduit les chercheurs à préconiser une interdiction à plus de 600 mètres.

 

En 2013, plus de 300 chercheurs ont signé une pétition en ce sens, relayée par Bloom. D’après l’Ifremer, « l’inconvénient majeur du chalut de fond est le manque de sélectivité. Car cet engin, constitué d’un filet remorqué par un navire, capture simultanément plusieurs espèces de dimensions et de morphologie différentes. Même s’il ne pénètre pas le sédiment, il détériore les habitats et les organismes posés sur le fond ». 


(via Reporterre, France3, RTL)

 

Mots-clés : chalutage eau profonde - pêche environnement - loi France lobby poisson

 

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