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EDITO : Le bug des blogs de cuisine

Ecrit par Frédéric Beau le 18.07.2016

Des blogs de cuisine comme s'il en pleuvait, même si l'engouement semble s'essouffler un peu. Les générations spontanées de blogs de cuisine qui sont nés dans les dix dernières années (début 2000 en fait) forment désormais une horde gigantesque, cannibalisée par les mastodontes du web culinaires que l'on connait tous.  Il suffit de taper dans son moteur de recherche préféré le nom d'un fruit, d'un légume, d'un poisson ou d'un morceau de viande pour que ceux-là mêmes nous proposent de le ou la manger dans une avalanche de recettes de tous poils

 

 
Avant d'arriver jusqu'à ladite recette sensée vous régaler et vous faire découvrir l'inespérée utilisation de l'aliment choisi, il faudra bien sûr surfer entre les écrans pop-up et autres pubs intempestives, mais ça, c'est le lot du web, la rançon du succès en quelque sorte.
En étant subtile et malin (voir vicieux) dans sa recherche on parviendra donc à éviter les propositions de "marmites", "quelques grammes", "les épicuriens" et consorts , après quoi il faudra faire le tri. Et c'est là que ça se gâte !

Le blog est une sorte de carnet de bord, un journal intime à thème consultable par tous, donc plus tellement intime finalement. Et l'expérience ainsi partagée a pour finalité d'enrichir et d'ouvrir de nouvelles perspectives au plus grand nombre. Mais pour ce qui est du blog culinaire, il est aussi une démonstration d'un savoir-faire et d'une imagination. Pour celui qui le tient, il extrêmement gourmand en temps (on dirait aujourd'hui : chronophage) : Faire une recette une ou plusieurs fois jusqu'à ce que le résultat soit idéal au goût, voir même aux yeux du créateur et de son entourage. Il faut avoir noté précisément les quantités de chaque ingrédient utilisé (surtout si c'est un blog de pâtisserie), trouver ensuite un joli dressage et un environnement pour là ou les photos, très souvent à la fin de la séance  photo, on mange froid. Enfin, il faudra rédiger son petit texte ce qui suivant la verve de chacun peut demander quelques efforts, traiter les photos et mettre en forme le tout.  Bref, c'est un loisir, qui prend du temps, par loisirs j'entends activité non rémunérée (ou trop peu pour vivre). Alors pourquoi tout ça ? Altruisme  et conviction culinaire ? Certainement un peu. Mais il faut bien l'avouer… ça flatte l'ego, et force l'admiration de l'entourage. Pas tous, mais beaucoup. Les félicitations de la famille, les voisins qui font vos recettes, les commentaires qui vous remercient d'avoir régalé la famille, et la sainte audience qui fait le yoyo avec votre moral. Ça flatte ! 

SI bien que certains, peu à peu ou dès le début (ce qui est encore pire), commencent à bâcler, pomper à droite et à gauche, proposer des recettes, farfelues, des mélanges improbables, ou des dosages qui montrent si on s'y penche, que celui qui vient d'écrire ça, n'a jamais fait ce qu'il est en train de "vendre".. Sinon, il aurait honte de le vendre !

Et pour les non avertis, il est assez facile de passer beaucoup de temps à faire une chose, immangeable, ou, si on a de la chance, très moyenne. Quand une petite recherche sur la confection d'une pâte feuilletée, qui ne contient en principe que de la farine, du beurre, un peu d'eau et une pincée de sel. J'ai pu trouver des variations de proportion  raisonnables pour 1 kg de farine on trouve du beurre entre 0.7 kg et 1.2 kg, c'est quand même deux plaquettes de beurres d'écart… comment on fait quand on n’y connait rien ? Et puis il y a les hurluberlus, qui dans leurs blogs proposent carrément, 200 g de beurre pour 1 kg de farine, sans parler de quelques alchimistes qui s'aventurent en faisant une pâte feuilletée, avec des petits suisses… Je laisse à chacun le soin de se rendre compte qu'il s'agit d'une recette basique avec uniquement 3 ingrédients… Inutile d'imaginer ce qui se passerait avec une frangipane … ou une bouillabaisse !

Les gros annuaires de blogs, sortent de plateforme qui offrent de la visibilité aux petits cuisiniers en manque de reconnaissance aspire (avec leur consentement) chaque nouvelle recette postée. Et pour ne pas sortir éclaboussé par l'anarchie des recettes proposées, s'en sortent en faisant voter les essayeurs. Les petites étoiles qui devancent les recettes sont l'avis des testeurs, ils se sont dédouanés du résultat en quelque sorte. Parfois c'est plus simple, ni la photo, ni la recette ne donnent envie, au moins on ne peut pas se tromper...
 
Gateau martien
Môsieur J., CC BY 2.0
 
On trouve également les associations 100 fois revisitées, le saumon avec l'aneth en terrine, cru, en feuilles de briks, etc. Ou la poire avec les noix et le roquefort, sous forme de feuilleté, de tarte et que sais-je encore ? Tout ça n'est que panachage de goûts et d'association qui fonctionne, sans réelle découverte. Mais qui pour le novice complet, si elles sont accompagnées de belles photos seront impressionnante et du coup tentante. 

Mais de bons blogs il y en a, des gens qui essaie vraiment, des gens qui vous présentent des recettes familiales 100 fois éprouvées du coup inratables et qui auront le méritent de montrer au débutant de belles et bonnes bases avant de s'en aller à son tour délirer vers des variations plus personnelles. Il faut pour les trouver y passer du temps, ne pas se laisser berner par de jolies photos. Une vraie crème aux œufs de grand-mère bien faite à toujours eu un franc succès, quand on la maitrise on peut alors se laisser aller avec du gingembre, de la lavande ou je ne sais quelle idée. Il y a de très beaux blogs, mais il ne faut pas se mentir, ils ne sont pas faciles à dénicher. Probablement pour cela qu'on note une certaine saturation et de fait une certaine lassitude. La sélection naturelle doit donc avoir lieu...

 

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