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Pour éradiquer la faim dans le monde encore du travail, beaucoup reste à faire

Ecrit par OB-Wan Sashimi le 04.07.2016

Au cours de la prochaine décennie, la demande alimentaire continuera d’augmenter, indique l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. Pourtant, les gains de production et de productivité ne permettront pas d’endiguer la faim dans le monde. À ce jour, constate-t-on, la période de prix agricoles élevés toucherait à sa fin. Pour autant, la vigilance est toujours de mise alors que de nouvelles difficultés se profilent.

 

Nomads Eating Bread
Michał Huniewicz, CC BY 2.0



La récente période de prix élevés des produits agricoles de base est très probablement terminée, estiment l’OCDE et la FAO dans la dernière édition de leurs Perspectives à dix ans. Mais les deux organisations appellent à la vigilance, car la probabilité d’une forte fluctuation des prix reste importante. Publiées aujourd’hui, les Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO 2016-2025 projettent que les prix corrigés de l’inflation des produits agricoles de base demeureront relativement stables au cours de la décennie qui vient.
 

Cela dit, les prix des produits animaux devraient augmenter par rapport à ceux des produits végétaux. À la faveur de la hausse des revenus, notamment dans les économies émergentes, la demande de viande et de produits halieutiques et aquacoles s’élèvera sensiblement. Cela entraînera un accroissement de la demande d’aliments pour animaux, en particulier de céréales secondaires et de tourteaux protéiques, dont le prix montera comparativement à celui des produits destinés à la consommation humaine, comme le blé et le riz.
 

Globalement, le surcroît de demandes d’aliments pour nourrir une population plus nombreuse et plus aisée devrait être satisfait en majeure partie grâce à des gains de productivité. Il est ainsi prévu que l’amélioration des rendements imputable à la productivité représente environ 80 % de la hausse de la production végétale.
 

Dans un scénario de « statu quo », où la productivité agricole progresserait au rythme tendanciel actuel et où aucune action majeure ne serait entreprise pour réduire la faim, la croissance projetée des disponibilités alimentaires ferait passer le nombre de personnes sous‑alimentées dans le monde de près de 800 millions aujourd’hui à moins de 650 millions en 2025.
 

D’après les estimations, le taux de sous‑alimentation en Afrique subsaharienne reculerait de 23 % à 19 %, mais, à cause d’une croissance démographique rapide, la région représenterait une proportion plus grande de la population souffrant de la faim dans le monde. Cela signifie que, sans des actions décisives pour sortir du scénario où rien n’est fait pour changer le cours des choses, la faim ne sera pas éradiquée d’ici 2030 — l’objectif mondial adopté récemment par la communauté internationale. Il faut faire davantage.
 

Chapitre spécial sur l’Afrique subsaharienne


L’édition de cette année comprend un chapitre spécial sur les perspectives et les difficultés de l’agriculture en Afrique subsaharienne. L’essor de la classe moyenne, une urbanisation rapide ainsi que l’intérêt commercial croissant pour les terres agricoles en Afrique et ses ressources, se conjugueront pour façonner le développement du secteur. Face à une croissance démographique soutenue, l’agriculture demeurera de loin la principale source d’emplois pour de nombreux jeunes.


Les Perspectives annoncent une nouvelle augmentation des importations de produits alimentaires en Afrique subsaharienne, car la demande de ces produits devrait enregistrer une hausse de plus de 3 % par an sur la décennie à venir, alors que la production agricole totale ne devrait quant à elle progresser que de 2,6 % par an, malgré l’amélioration de la productivité. Cette dernière résulte d’une adoption plus rapide des technologies, de l’apparition de producteurs de taille intermédiaire et d’une meilleure intégration des petits exploitants aux chaînes de valeur.


Les acteurs clés dominent les échanges agricoles


D’après les Perspectives agricoles, l’essentiel de l’ensemble des exportations de produits de base continuera de provenir de quelques pays seulement. Les importations, quant à elles, seront beaucoup moins concentrées dans certains pays, encore que la Chine doive rester un marché crucial pour certains produits, en particulier le soja. L’OCDE et la FAO soulignent qu’il est important que les marchés fonctionnent bien pour permettre aux produits alimentaires de passer des régions en excédent aux régions en déficit et améliorer la sécurité alimentaire.


Lors de la présentation des Perspectives à Rome, Angel Gurría, Secrétaire général de l’OCDE, a déclaré : « Nous entrons dans une période où les prix agricoles seront plus bas, mais nous devons nous tenir en alerte, car des changements peuvent se produire rapidement sur les marchés. Dans le contexte actuel, la principale priorité des gouvernements est de mettre en œuvre des mesures qui accroîtront la productivité agricole de façon cohérente et durable. Mettre nos politiques agricoles sur la bonne voie est déterminant pour en finir avec la faim et la sous-alimentation dans les prochaines décennies ».


« Un accroissement notable de la production est nécessaire pour répondre à la hausse de la demande d’aliments destinés à la consommation humaine et aux animaux et de produits bruts à usage industriel, et il faut l’obtenir de manière durable », a indiqué José Graziano da Silva, Directeur général de la FAO. « Nous croyons volontiers que la majeure partie de la demande supplémentaire de produits agricoles de base sera principalement satisfaite grâce aux gains de productivité et non au prix d’un accroissement des surfaces cultivées ou des cheptels », a‑t‑il ajouté.


Le rapport indique également que, au cours des dix prochaines années :

  • Les échanges agricoles mondiaux devraient croître de 1,8 % par an en volume, contre 4,3 % par an pendant la décennie écoulée.
  • Les prix à la consommation des produits alimentaires devraient être moins volatils que les prix payés aux producteurs.
  • Dans les pays en développement, la consommation humaine de sucre et de produits laitiers par habitant devrait augmenter de 15 % et de 20 %, respectivement.
  • La production de végétaux devrait progresser d'environ 1,5 % par an globalement, soit moins sensiblement que ces dernières années.
  • En Asie du Sud et de l'Est, la production agricole devrait s'accroître de 20 %.
  • En Amérique latine, l'augmentation de 24 %, d'après les estimations, des superficies cultivées, devrait être en majeure partie imputable à la culture du soja.


De plus amples renseignements sur les Perspectives peuvent être obtenus à l'adresse suivante : www.agri-outlook.org

 

Mots-clés : Perspectives agricoles monde - prix agricoles elevés - demande alimentaire augmentation

 

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