Plat du jour - Société

Café Joyeux, un café légèrement différent avec un petit supplément d'âme

Ecrit par Fred Ricou le 21.03.2018

Depuis décembre dernier, un joyeux café a ouvert ses portes à Rennes. Joyeux, c’est le nom. L’esprit l’est, ce que l’on y sert et léger et gouteux, mais le seul point qui différencie le café Joyeux des autres endroits, c’est qu’une partie du personnel est autiste ou trisomique. À Paris, un deuxième café Joyeux vient d’ouvrir…

 
 
Le 21 mars est depuis 12 ans, journée mondiale de la trisomie 21. Beaucoup d’associations en France et d’organismes s’occupent des personnes atteintes du syndrome, les entours et leur donne tout l’amour qu’ils demandent. Maintenant, à une injustice vient s’en greffer une autre, si le chômage, dans la population française est aux alentours de 9%, le taux pour les personnes vivant un handicap est un peu plus du double et vient s’établir à 21%.
 
Créé il y a quelques mois à Rennes, Yann et Lydwine Bucaille décident de se lancer dans l’aventure Joyeux quand, lors d’une sortie « Voile Solidaire », le jeune Théo, atteint de trisomie, demande à Yann, un travail. Le couple se creuse alors la tête, cherche, se pose la question « Qu’est-ce que l’on pourrait faire pour proposer un job en milieu ordinaire ? » et se dit que finalement cette notion d’envie de faire plaisir, de partage et de solidarité pourrait rimer assez facilement avec la restauration. L’affaire se monte, la direction trouve dans différentes associations ou fondation comme l'Arche en France, des jeunes capables d’oeuvrer, entre 18 et 35 ans, et même si, parfois, travailler est plus facile pour les uns que pour les autres, tout le monde se met au travail de bon cœur. Naturellement, ils sont secondés par des personnes valides, aussi bien en salle qu'en cuisine. Le premier Café Joyeux ouvre à Rennes avec succès, aussi bien auprès des clients, que du personnel, mais également des parents des jeunes en situation de handicap mental. Quatre mois plus tard et devant les demandes qui affluent de différentes villes, un nouveau lieu Joyeux ouvre et c’est Paris, rue Saint-Augustin à l'entrée du beau passage Choiseul, qui est choisi pour être le numéro 2. Pas très grand, le café jaune et noir arrive à garder son esprit tout en apportant ce petit supplément d'âme dont on a finalement tous besoin. Même s'ils sont juste un peu différents d'ailleurs, et sans l’envie de devenir une chaîne impersonnelle, les cafés Joyeux ont l'ambition de se fondre dans plein d'autres villes (Bordeaux, Lyon et Lille sont à l'étude...) et ressembler ainsi à n'importe quel café / snack où l'on vient seul ou entre ami profiter de la douce ambiance et de la nourriture proposée. 
 
Yann Bucaille l’affirme : « On ne peut pas fonctionner comme n’importe quelle entreprise. Ici c’est dû cas par cas. Les postes sont adaptés à chacun aussi bien sur les compétences, que la minutie ou encore le relationnel… » et d’ajouter « On ne fait pas du social, on propose un travail et l’on s’adapte » dans tous les cas « Il y a une vraie envie de travailler ». 

Pour les Joyeux serveurs, le système est simplifié. Le client s'installe à une table, vient commander au bar et repart s'assoir ainsi avec une sorte de gros lego coloré. Quelques minutes se passent et l'un des joyeux serveurs apporte très précautionneusement le plateau avec la commande sur lequel est placé le frère jumeau du gros lego pour que le Joyeux puisse se repérer. 
 
Emmanuel fait des parties des Joyeux, la vingtaine, le jeune blondinet est très fier et prend la parole assez facilement : « Joyeux, c’est quelque chose de facile à comprendre. C’est faire quelque chose de nouveau et surtout, c’est faire quelque chose jusqu’au bout, ça permet de mieux travailler. On est en équipe, mais nous sommes autonomes et en confiance. » Et là, où l'on pourrait penser, quand on voit ce deuxième Café Joyeux, en angle avec de grandes vitres où parfois, les passants s'arrêtent pour essayer de comprendre ce qu'il s'y passe, à une forme de voyeurisme malsain, Yann Bucaille n'a peur de parler justement de "surexposition pour briser les barrières" qui donne l'envie d'aller à la rencontre de l'autre. 

Concernant ce que l'on y mange, tout est fait maison et propose ainsi différentes salades, sandwichs et bols. Les produits sont bons, frais et les prix des menus pour le déjeuner oscillent entre 7 et 13 euros. Pour essayer d'ouvrir au maximum la diversité des publics, le Café Joyeux propose des mets vegan, sans gluten et sans lactose. Les petits biscuits qui peuvent l'après-midi, accompagner un café, un thé ou même Chaï Latte, y sont absolument délicieux. 
 
C'est véritablement un très joli lieu qui vient de naître dans la capitale, un autre Café Joyeux devrait voir le jour d'ici la fin de l'année à Paris. Première famille de Coffee Shops qui emploie des personnes en situation de handicap mental, on espère sincèrement que cela va permettre à d'autres projets de ce genre de voir le jour et ainsi que les différences ne soient plus vues comme une faiblesse, mais comme une force. 
 
 
Café Joyeux Paris
23 rue Saint Augustin
Passage Choiseul
75002 Paris

Café Joyeux Rennes
14 Rue Vasselot
35000 Rennes

 

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